Comment, face aux aléas politiques du xxe siècle, traversant deux guerres mondiales, une guerre civile et une guerre froide, au sein d'une Europe déchirée par les nationalismes et dans une France xénophobe qui l'accueille mal, Picasso impose-t-il au monde son oeuvre magistrale ?
Pourquoi le 18 juin 1901 Picasso est-il « signalé comme anarchiste » à la Préfecture de police, quinze jours avant sa première exposition parisienne ? Pourquoi le 1er décembre 1914 près de sept cents peintures, dessins et autres oeuvres de sa période cubiste sont-ils séquestrés par le gouvernement français pour une période qui dure près de dix ans ? D'où vient l'absence presque totale de ses tableaux dans les collections publiques du pays jusqu'en 1947 ? Comment expliquer, enfin, que Picasso ne soit jamais devenu citoyen français ? Si l'oeuvre de l'artiste a suscité expositions, ouvrages et commentaires en progression exponentielle à la hauteur de son immense talent, la situation de Picasso « étranger » en France a paradoxalement été négligée. C'est cet angle inédit qui constitue l'objet de ce livre.
Pour l'éclairer, il faut exhumer des strates de documents ensevelis, retrouver des fonds d'archives inexploités, en rouvrir, un à un, tous les cartons, déplier chacune des enveloppes, déchiffrer les différentes écritures manuscrites. Alors tout s'organise autrement et le statut de l'artiste se révèle beaucoup plus complexe qu'on ne l'imaginait.
Un étranger nommé Picasso nous entraîne dans une enquête stupéfiante sur les pas de l'artiste surdoué, naviguant en grand stratège dans une France travaillée par ses propres tensions. On le voit imposer au monde son oeuvre magistrale, construire ses propres réseaux et devenir un puissant vecteur de modernisation du pays. Un modèle à contempler et peut-être à suivre.
Tables tournantes, coups frappés dans les murs, fantômes et maisons hantées ont sans cesse fasciné. Mais le spiritisme n'a pas toujours retenu l'attention des chercheurs. Trouble mental pour les uns, superstition pour les autres, comment élever à la dignité d'objet scientifique un tel phénomène ? C'est le pari de Philippe Charlier qui s'attache à nous l'expliquer.
Comment la science a-t-elle tenté d'enregistrer le son des morts, de photographier les fantômes ou les pensées ? Comment le surnaturel est-il devenu, au cours du XIXe siècle, un véritable objet d'étude ? Et surtout, à qui profi tent les revenants et leurs manifestations ?
Dans une enquête inédite, de Rome à Paris, en passant par le Vietnam et l'Écosse, Philippe Charlier interroge les archives et ceux qui refusent de voir la mort comme une inéluctable fin.
Pendant des décennies, les nations africaines ont lutté pour la restitution d'innombrables oeuvres d'art volées pendant l'ère coloniale afin d'être exposées dans des musées occidentaux. Bénédicte Savoy met en lumière cette histoire largement méconnue. Elle s'appuie sur de nombreuses sources inédites pour révéler que les racines de cette lutte remontent bien plus loin que ne l'indiquent les débats récents, et que ces efforts ont été menés par une multitude de militants et dirigeants des nations nouvellement indépendantes.
Peu après 1960, lorsque dix-huit anciennes colonies d'Afrique ont accédé à l'indépendance, un mouvement en faveur du rapatriement des oeuvres a été lancé par les élites intellectuelles et politiques africaines. L'autrice retrace ces combats et examine aussi comment les musées européens ont tenté de dissimuler des informations sur leurs collections.
En expliquant pourquoi la restitution est essentielle à toute relation future entre les pays africains et l'Occident, ce livre pose les éléments du débat autour de ces questions cruciales pour le présent et l'avenir.
«Il y a une figure qui apparaît et réapparaît tout au long de ce livre. Ses instincts sont fondamentalement cruels ; sa manière est intransigeante. Il propage l'hystérie, mais il est immunisé contre elle. Il est au-delà de la tentation, parce que, malgré sa rhétorique utopiste, la satisfaction est le cadet de ses soucis. Il est d'une séduction indicible, semant derrière lui des camarades amers comme Hansel ses miettes de pain, seul chemin pour rentrer chez soi à travers un fourré d'excuses qu'il ne fera jamais. C'est un moraliste et un rationaliste, mais il se présente lui-même comme un sociopathe ; il abandonne derrière lui des documents non pas édifiants mais paradoxaux. Quelle que soit la violence de la marque qu'il laissera sur l'histoire, il est condamné à l'obscurité, qu'il cultive comme un signe de profondeur. Johnny Rotten/John Lydon en est une version ; Guy Debord une autre. Saint-Just était un ancêtre, mais dans mon histoire, Richard Huelsenbeck en est le prototype.» Greil Marcus.
Ce chapitre gourmand de l'histoire des mentalités jette un regard friand sur les arts de la table et les nouvelles pratiques culinaires de l'Europe du XVIIIe siècle.
Piero Camporesi entraîne le lecteur dans une promenade à travers le paysage sensuel de la cuisine des lumières. L'exotisme et la légèreté succèdent à la barbarie des tablées graisseuses afin d'exalter la finesse des corps. Sous sa plume, la lumière douce des chandeliers anime le chatoiement des couleurs et le ballet des mets. Tel un voyageur gastronome, il présente à travers une myriade de textes inédits les tables modernes et leurs délicieux ordres géométriques. Le raffinement et la sensualité des sociétés galantes s'incarnent dans ce goût du chocolat, auquel on prête les vertus les plus fantaisistes.