« La vie des femmes est un éternel recommencement. Chaque jour elles doivent prouver la légitimité de leur existence à part entière avec l'autre sexe. Chaque matin elles doivent être à la fois mères, amantes, travailleuses en assumant la charge mentale que nécessite ce détriplement de personnalité. Chaque jour des hommes disent aux femmes : «Ça va mieux aujourd'hui qu'avant, non ? Alors de quoi vous plaignez-vous ?». Les hommes ont raison mais partiellement car, s'il est indéniable que les droits et les acquis des femmes ont fait un bond vertigineux depuis plus d'un siècle en Occident, il n'en reste pas moins que la lutte pour l'égalité femme/homme n'est pas un chemin pavé de roses où les droits les plus fondamentaux sont sanctuarisés et acquis pour toujours.Aujourd'hui l'art n'est plus un interdit lorsqu'on naît de sexe féminin mais ce n'est pas pour autant que les obstacles sont tous levés. Ces femmes ont des destins extraordinaires, la force morale et psychique dont elles ont du faire preuve pour continuer à créer malgré les épreuves force l'admiration comme le constat qu'elles n'ont pas mis leur énergie à se faire connaître mais plutôt à persévérer.»Laure Adler
Dès son titre, l'ouvrage annonce le tournant opéré par la modernité. Benjamin montre dans cet essai lumineux et dense que l'avènement de la photographie, puis du cinéma, n'est pas l'apparition d'une simple technique nouvelle, mais qu'il bouleverse de fond en comble le statut de l'oeuvre d'art, en lui ôtant ce que Benjamin nomme son "aura". C'est désormais la reproduction qui s'expose, mettant en valeur la possibilité pour l'oeuvre d'art de se retrouver n'importe où. Capacité à circuler qui la transforme en marchandise. Benjamin met au jour les conséquences immenses de cette révolution, bien au-delà de la sphère artistique, dans tout le champ social et politique. Avec le cinéma, c'est la technique de reproduction elle-même qui désormais produit l'oeuvre d'art. Là, c'est l'image de l'acteur qui devient marchandise, consommée par le public qui constitue son marché. La massification du public de ces oeuvres a servi les totalitarismes. D'où "l'esthétisation de la politique" encouragée par le fascisme et la "politisation de l'art" défendue par le communisme.
Des reportages, des rencontres, des portraits et des enquêtes sur l'utilisation des quatre éléments dans les métiers d'art, les savoir-faire et la pratique contemporaine. Des verreries aux ateliers de céramiques, en passant par les forges et les vignes, la terre, l'air, l'eau et le feu sont matières et outils de la création artistique.
Des objets incongrus, des gestes excentriques, mais aussi des photographies, des vidéos et des peintures de facture traditionnelle, voilà ce qui constitue l'art contemporain. Quelquefois, ces oeuvres étonnent ou choquent. Elles suscitent en même temps la curiosité, au point de s'y perdre un peu. Aussi, pour qui s'aventure dans le monde de l'art, l'auteure de ce livre fournit des repères et suggère quelques pistes de réflexion. Depuis quand l'art «moderne» est-il devenu «contemporain» ? Pourquoi les artistes ont-ils voulu transformer le rapport des spectateurs avec les oeuvres ? Et quand les frontières avec la mode, l'architecture ou même des objets rituels deviennent floues, peut-on encore faire entrer cet art dans une définition ?Ce livre révèle en quoi l'art contemporain est avant tout un espace ouvert, une aire de liberté pour penser et agir différemment quand les idéologies et les systèmes philosophiques qui nous guident sont en crise.
La série Ways of seeing pour la chaîne BBC. Constituée de quatre essais audiovisuels, elle soulève des questions liées aux idéologies cachées des images visuelles. La série a reçu un grand succès et a donné naissance l'année suivante à un livre du même nom écrit par John Berger. Une édition française est parue en France en 1976 sous le titre Voir le voir.
L'édition anglaise d'origine fut le fruit d'une collaboration de John Berger avec le designer graphique Richard Hollis avec lequel il avait déjà travaillé pour le magazine New Society et son roman G. Ensemble, avec Mike Dibb et l'aide de Chris Fox à l'édition du texte ainsi que de l'artiste Sven Blomberg, ils ont publié cet ouvrage en coédition avec la BBC et Penguin.
La traduction anglaise de L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique venait juste d'être la BBC donnait carte blanche à John Berger pour créer cette série de films télévisés. Il décida alors pour le premier film de partir du texte de Benjamin aujourd'hui célèbre pour le traduire de manière plus accessible pour la télévision.
Le second et troisième film ont été construits à partir de textes préexistants de John Berger sur le nouveau matérialisme de la traduction picturale européenne ainsi que de morceaux de son roman G.
Le quatrième film a été créé de toutes pièces à partir de l'observation qu'il fait de l'usage d'une forme d'autorité de l'art européen par les publicitaires.
Si la société s'est beaucoup modifiée depuis 1972, reflétant aujourd'hui plus largement les valeurs du modèle capitaliste qu'à l'époque de l'écriture de ce texte, l'enjeu politique reste cependant le même quant à la place et la fonction de l'art du passé dans notre civilisation.
En nous montrant comment voir différemment des tableaux que tant de musées présentent comme des reliques sacrées, John Berger nous invite à une réappropriation critique de notre héritage culturel, à une reprise à notre compte d'une histoire qu'on entoure délibérément de de barrières inutiles pour nous empêcher d'y puiser des raisons d'agir.
S'appuyant sur près de 160 reproductions
Paru en 1971 dans ArtNews, "Pourquoi n'y a-t-il pas eu de grands artistes femmes ? " a fait date dans l'histoire de l'art. Largement reconnue comme la première historienne de l'art féministe, Linda Nochlin démantèle la notion de génie artistique codée par les hommes et dévoile les structures institutionnelles et sociales qui ont tenu les femmes à l'écart des carrières artistiques pendant des siècles.
Elle consacre ensuite une longue étude à la figure de l'artiste Rosa Bonheur et sa place dans la société. Rédigé il y a plus de trente ans mais toujours très actuel, ce texte a été publié pour la première fois en français en 1993 au sein du recueil désormais épuisé Femmes, Art et Pouvoir (éd. Jacqueline Chambon). Il fait ici l'objet d'une nouvelle traduction. En français, le titre de l'ouvrage a toujours été traduit au masculin, puisque le recours à l'idée de grandeur dans l'histoire de l'art a systématiquement été formulé par des hommes, sur des hommes.
De fait, le féminin en a été purement et simplement exclu. Pour cette édition, ce livre est accompagné d'un appendice de Linda Nochlin appelé "Trente ans plus tard", où elle commente l'émergence de nouvelles artistes, notamment Joan Mitchell, Louise Bourgeois et Cindy Sherman.
Du début du XIXe siècle à la fin du XXe, le monde ne se ressemble plus, les moyens et les fins de l'art ont connu d'évidentes révolutions, mais le ciel reste un invariant dont les vertus critiques sont explorées pour parcourir deux siècles de peinture américaine. Une promenade visuelle abondamment illustrée.
Art et production de Boris Arvatov est aujourd'hui considéré comme un classique dans l'histoire des avant-gardes des débuts de la Révolution russe. Publié à Moscou en 1926, il constitue une intervention cruciale au sein des débats qui ont traversé l'école constructiviste : le statut de l'art après la révolution, ses liens avec les techniques industrielles de reproduction, avec celui de la critique de la vie quotidienne, ou encore avec la question de l'entrée de l'art dans l'usine. Ce texte inédit en français est un document exceptionnel pour qui souhaite approfondir un moment clé de la modernité esthétique du XXe siècle.
Dans une fable illustre, Borges a montré que deux textes littéralement indiscernables pouvaient constituer deux oeuvres différentes, voire antithétiques. Arthur Danto étend ici à l'ensemble des pratiques artistiques cette interrogation : le même objet peut être ici une vulgaire roue de bicyclette, là une oeuvre (Roue de bicyclette, par Marcel Duchamp) cotée à cette Bourse des valeurs esthétiques qu'on appelle le « monde de l'art ». Une telle transfiguration montre que la spécificité de l'oeuvre d'art ne tient pas à des propriétés matérielles ou perceptuelles, mais catégorielles : l'oeuvre possède une structure intentionnelle parce que, figurative ou non, elle est toujours à propos de quelque chose.
L'historienne et critique d'art revisite, avec sa mémoire de témoin, les liens entre art et activisme durant les « années sida » en France et aux États-Unis. Composé de textes monographiques, d'entretiens et d'essais thématiques, cet ouvrage rédigé à la première personne rend compte d'une créativité artistique et activiste née de l'urgence de vivre et du combat pour la reconnaissance de tous·tes.
Restituer la parole des ami·e·s de lutte, articuler les « je » et « nous » d'alors et d'aujourd'hui, faire retour sur des faits et affects peu connus du public français, analyser l'« épidémie de la représentation » consécutif à l'apparition du sida : telle est l'entreprise de cet ouvrage, conçu par Elisabeth Lebovici comme un véritable « discours de la méthode » où, toujours, le personnel est politique, le public et le privé s'intriquent. Engagée aux côtés des activistes français et américains de la lutte contre le sida, observatrice privilégiée, en tant qu'historienne de l'art et journaliste, des débats et enjeux des années 1980 et 1990, l'auteure analyse ce moment charnière des liens entre art et activisme, qu'elle revisite avec sa mémoire de témoin, en survivante affectée.
Monographies, entretiens et essais thématiques composent ce volume, rédigé de manière assumée - la seule possible - à la première personne. Il propose ainsi, dans un va-et-vient constant entre les États-Unis et la France, une cosmologie élective : ACT UP, les « arbres téléphoniques », Richard Baquié, Gregg Bordowitz, Alain Buffard, Douglas Crimp, les « enterrements politiques », General Idea, Nan Goldin, Félix González-Torres, Gran Fury, L'Hiver de l'amour, Roni Horn, Eve Kosofsky Sedgwick, Zoe Leonard, Mark Morrisroe, William Ollander, le « Patchwork de noms », The Real Estate Show, Lionel Soukaz, Philippe Thomas, Georges Tony Stoll, Paul Vecchiali, David Wojnarowicz, Dana Wyse, les zaps, etc.
Illustré par de nombreuses archives et ephemera qui soulignent l'importance du graphisme dans la lutte contre le sida, Ce que le sida m'a fait est un ouvrage nécessaire pour comprendre les « années sida », cette période d'une créativité artistique et activiste née de l'urgence de vivre et du combat pour la reconnaissance de tous·tes.
Cette publication s'inscrit dans la collection Lectures Maison Rouge, dont l'ambition est de proposer des textes d'artistes qui interrogent à la fois la muséographie, l'écriture de l'exposition et le travail de certains artistes eux-mêmes, sous la direction de Patricia Falguières.
Bien que l'effet moiré soit nommé et décrit dès le début des années 1960, il n'avait jamais constitué un objet de recherche en tant que tel, et cela en dépit de la vogue récente des études sur l'art optique et cinétique. Cette lacune est aujourd'hui comblée grâce à cet essai monographique de l'historien de l'art Arnauld Pierre qui se penche sur la magie du moiré - ou comment, de la superposition de structures géométriques statiques et répétitives, relativement peu intéressantes en elles-mêmes, on passe avec une rapidité foudroyante à un monde de structures vibrantes et vacillantes, qui se déforment et se reforment en permanence sous l'oeil conquis du spectateur.Arnauld Pierre réhabilite dans le même temps, ou en tout cas fait à nouveau connaître, une figure oubliée à propos de laquelle tout ou presque était inédit : Gerald Oster, figure un peu fantasque de cette époque, à la célébrité aussi soudaine qu'éphémère, autoproclamé « Père du Moiré », dont le rôle central est devenu une évidence au fil des recherches et de l'écriture. Entre art et science, entre magie et cybernétique, Magic moirés est une piqûre de rappel surprenante de ces années 1960 psychédéliques.
Recueil de travaux inédits, d'études historiques, et de propositions esthétiques, cette anthologie d'approches théoriques et artistiques féministes en art contemporain affirme la nécessité de penser l'articulation entre art et histoire globale, art et genre, art et corporéités, art et post-colonialité, à partir de références textuelles, visuelles, performatives et conceptuelles.
Avec les contributions de : Marie-Laure Allain Bonilla, Émilie Blanc, Johanna Renard et Elvan Zabunyan.
Nouveau musée parmi le réseau de lieux et d'initiatives développés depuis 2006 par François Pinault, la Bourse de Commerce - Pinault Collection propose un point de vue sur les oeuvres contemporaines que le collectionneur rassemble depuis plus de cinquante ans, à travers un programme d'expositions et d'événements. Le regard du collectionneur La collection, un ensemble exceptionnel de plus de 10?000 oeuvres de près de 350 artistes, est constituée de peintures, de sculptures, de vidéos, de photographies, d'oeuvres sonores, d'installations et de performances. Les artistes dont François Pinault collectionne les oeuvres sont issus de tous les pays et représentent toutes les générations. Ils explorent tous les territoires de la création et témoignent de l'attention toute particulière portée par le collectionneur aux courant émergents. Cet ensemble, dédié à l'art des années 1960 à nos jours, offre un regard sur l'art de notre temps, le regard d'un passionné, un regard subjectif, qui contribue à saisir notre époque. Un parcours sans cesse renouvelé, une collection en mouvement La collection est présentée à travers un programme dynamique d'accrochages temporaires régulièrement renouvelés?: expositions thématiques à partir des oeuvres de la collection, expositions consacrées à des artistes présents dans la collection, mais aussi cartes blanches, projets spécifiques et commandes. La Bourse de Commerce - Pinault Collection offre dix espaces d'exposition dont le Studio, consacré aux oeuvres sonores, vidéo, et aux formes plus libres, des espaces de médiation, mais aussi un auditorium accueillant conférences, rencontres, projections, concerts et événements. Ouverte à tous les publics et à toutes les disciplines artistiques, aux oeuvres qui font déjà l'histoire de l'art contemporain comme aux artistes les plus émergents, la Bourse de Commerce - Pinault Collection accueille les connaisseurs comme les découvreurs et les curieux. Elle leur propose de s'ouvrir à l'art et à l'histoire de l'art contemporain, quel que soit leur niveau de relation à la création ou leur expérience, quelles que soient leur expertise et leur compréhension des oeuvres. Cycle «?Une seconde d'éternité?» La mise en lumière des affinités créatives, d'hommage ou d'influence plus ou moins explicité, est au coeur du projet de la Collection Pinault. Ces relations souvent confidentielles sont des clés structurelles décisives pour comprendre le travail des artistes L'exposition inaugurale «?Ouverture?» avait déjà souligné ces affinités spirituelles et artistiques en exposant Peter Doig et son ancien étudiant Florian Krewer, Lili Reynaud Dewar et l'une de ses inspiratrices Martha Wilson, Luc Tuymans et Kerry James Marshall, ou encore le portrait en cire de Rudolf Stingel réalisé par Urs Fischer.
Rêvées pendant des siècles, les oeuvres créées par les intelligences artificielles sont devenues des réalités concrètes en littérature et en art, désormais exposées et lues. Comment analyser, attribuer, juger de telles oeuvres qui nous font entrer dans la vallée de l'étrangeté ? Quelles sont en retour les conséquences de telles innovations sur notre compréhension du champ artistique ? Comment la critique se doit-elle de réagir face à de telles créations, qui remettent radicalement en question l'ensemble des concepts et des valeurs esthétiques anciennes centrées sur l'humain ? Peut-on simplement les aimer et en être ému ? Voilà quelques-unes des questions de cet ouvrage, le tout premier consacré aux créations des IA et aux problèmes qu'elles posent.
Publié suite au colloque international éponyme organisé par l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle en 2021.
A sweeping cross-media survey of Ruscha's six-decade career, from paintings and works on paper to photographs and artist's books, with essays by leading scholars.
Spanning 65 years of Ed Ruscha's remarkable career and mirroring his own cross-disciplinary approach, Ed Ruscha / Now Then features over 250 objects, produced from 1958 to the present, including paintings, drawings, prints, films, photographs, artist's books and installations. Published to accompany the most comprehensive presentation of the artist's work to date, and his first solo exhibition at the Museum of Modern Art, New York, this richly illustrated catalog highlights Ruscha's most acclaimed works alongside lesser-known aspects of his practice.
Essays by an interdisciplinary group of contributors examine Ruscha's work under a new light, beyond the categories of Pop and Conceptual art with which he has traditionally been associated, to present fresh perspectives on one of the most influential figures in postwar American art. Taken together, they underscore Ruscha's singular contributions, including his material exploration of language, experiments with unconventional mediums?such as gunpowder, chocolate or chewing tobacco?and his groundbreaking self-published books. Supplemented by an illustrated chronology and exhibition history, this publication captures the ceaseless reinvention that has defined his prolific, six-decade career.
Cet ouvrage a reçu 3 prix consécutifs : le Prix de l'Académie ds Beaux-Arts-Prix Bernier 2018, le Prix Vitale et Arnold Blokh 2018 et le Prix Pierre Daix 2018. Le paysage n'existe que dans l'oeil de celui qui le regarde. Il faut donc suivre les pas de l'homme en marche si l'on veut comprendre comment notre rapport au monde et à l'histoire se dessine : par la confrontation de l'individu et de la nature. Car le paysage, c'est la nature éprouvée : nature traversée, nature possédée, nature sublimée, nature terrifiante, nature qui échappe à qui tente de la conquérir. L'artiste qui s'adonne au genre du paysage nous offre bien plus qu'une simple représentation de morceaux de nature. Il se fait archéologue, scrutant comme dans un livre le sol où affleure la mémoire de l'histoire humaine, sous forme de traces.
Ecrire l'histoire du paysage à l'époque contemporaine c'est aussi faire le constat d'une relève : celle qui voit, à partir du début du XIXe siècle, la peinture de paysage se substituer progressivement à la peinture d'histoire afin de porter le grand récit de l'humanité dans ses tentatives de connaître et de façonner le monde. Un genre s'épuise, un autre s'épanouit afin d'explorer d'autres formes de représentation, et d'interrogations.
Lorsque le sculpteur français David d'Angers, contemplant La Mer de Glace dans l'atelier de Caspar David Friedrich, à Dresde, dit que le peintre est l'inventeur d'un genre nouveau, « la tragédie du paysage », c'est cela qu'il désigne. Cette manière, qui va traverser toute la période contemporaine, de faire du paysage le lieu de l'enfouissement et de l'émergence de l'histoire.
Parce que l'histoire devient un présent qui saute à la gorge - révolutions, guerres, massacres, génocides -, les artistes se tournent de façon privilégiée vers le paysage comme une forme capable d'accueillir l'innommable en son sein et d'exprimer ce qui aveugle, terrifie, ou fascine. Peintres, dessinateurs, photographes, de Goya à Sophie Ristelhueber, d'Otto Dix à Zoran Music et Anselm Kiefer, vont s'affronter au paysage comme à ce lieu où peut se manifester l'inquiétude de l'homme face à l'histoire. Mais aussi son désir, ses croyances, et sa liberté.
Ce sont les étapes de cette aventure de l'homme au monde que nous suivons dans cet ouvrage : paysages de ruines, paysages en guerre, paysages où l'on foule une histoire oscillant entre affleurement et invisibilité, paysages qui nous confrontent à l'indifférence du monde, sont quelques-uns des thèmes qui racontent les pérégrinations inquiètes de l'homme contemporain marchant dans le monde à la recherche de sa propre trace.
C'est enfin une méditation personnelle sur la nécessité qu'éprouvent tant d'artistes, aujourd'hui, d'avoir recours au paysage pour affronter ce que le XX° siècle nous a légué de plus terrible : l'anéantissement sans traces. Le paysage s'impose comme l'une des formes majeures, pudique et émouvante, de l'histoire contemporaine.
Considérer l'avant-garde et la contre-culture, lorsque règne une platitude généralisée permet d'approfondir la compréhension de phénomènes sans recourir uniquement à des discours idéologiques. Cependant compte tenu du sujet il s'avère impossible de le traiter sans prendre parti de façon passionnée. Sans prendre de risque, sans déranger l'existant, point d'avant-garde. Pour ces trois auteurs l'avant-garde est un état d'esprit, une attitude de vie.brCet ouvrage démontre qu'entre l'avant-garde et la contre-culture existent des similitudes, mais également des différences : les uns construisent en se projetant davantage dans un futur utopiste, tandis que les autres adoptent une attitude de résistance qui privilégie l'ici et le maintenant.brLectures philosophique, sociologique et parole d'artiste contribuent à dessiner une méthode. Celle-ci, en croisant ces trois points de vue, tente de répondre à une question primordiale : qu'est-ce qu'un changement dans l'expression artistique ?brMéthode qui interroge à la fois sur le milieu artistique et ses acteurs, le contenu de leurs oeuvres et les ruptures que provoque leur imaginaire.