En renversant l'image de la femme comme être inférieur par nature pour l'appliquer à l'homme, l'autrice démonte la mécanique de la domination masculine.
Un pamphlet littéraire et politique, où l'humour et la provocation révèlent les rapports de force entre les sexes. Depuis sa diffusion dans les rues de New York par Valerie Solanas en 1967, SCUM Manifesto est devenu un texte culte du féminisme.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuèle de Lesseps Postface de Lauren Bastide
Face aux désastres entraînés par l'anthropocène et le capitalocène, il y a urgence à penser et agir différemment. C'est ce qu'Haraway propose de faire dans Vivre avec le trouble, en racontant d'autres histoires, en renouvelant notre rapport au temps et aux autres espèces.
Prenant ses distances avec toute forme de futurisme (du salut technologique aux discours apocalyptiques) elle explore ces temps troublants et troublés que nous vivons afin d'y déceler les possibles qu'ils recèlent. Épaissir le présent, favoriser l'épanouissement multispécifique, générer des alliances improbables et des « parentèles dépareillées » pour ne pas céder à l'effroi ou l'indifférence, voilà ce à quoi nous invite ce livre.
Ellen Willis, militante féministe au sein du groupe New York Radical Women, a marqué l'histoire américaine de la révolution sexuelle et de la critique contre-culturelle. Sa maitrise remarquable de la forme de l'essai, son point de vue à la fois radical et subtil nous paraissent incontournables, et précieux à partager dans le cadre des luttes actuelles sur la maternité, la prostitution, le travail, le sens du militantisme, les liens entre valeurs politiques et liberté d'expression, ou entre politique nationale et politique des corps.
La prose d'Ellen Willis témoigne d'une nécessité d'expression et d'un style qui mêle intime et politique, innervée par son goût du rock et du punk, et ses expériences militantes collectives.
En plaçant l'ensemble des essais ici recueillis sous le titre du plus célèbre d'entre eux, nous croyons être fidèles à l'esprit qui les anime comme à l'objet même de la psychanalyse:l'ouverture à l'Unheimliche, à ce qui n'appartient pas à la maison et pourtant y demeure.Cette édition reprend dans une traduction nouvelle et annotée, qui devrait être l'occasion d'une lecture neuve, les textes qui figuraient jusqu'alors dans les Essais de psychanalyse appliquée. Ils apparaissent ici, augmentés d'une étude sur l'humour, dans l'ordre chronologique de leur publication.
Contemporain est celui qui reçoit en plein visage le faisceau de ténèbres qui provient de son temps.
Après le succès du Réalisme capitaliste, la traduction de Ghosts of My Life va définitivement imposer Mark Fisher (alias k-punk, 1968-2017) comme un auteur incontournable dans le domaine de la critique sociale et culturelle. En effet, à partir de l'évocation de figures musicales - Joy Division, Burial, etc. - littéraires - David Peace, John Le Carré, Sebald - ou cinématographiques - Christopher Nolan notamment -, Fisher explore différentes visions de futurs perdus et leur présence spectrale (Derrida) au sein de la culture contemporaine. Une manière de relier critique sociale, évocation de la pop culture mais aussi expérience intime.
La tension est montée avec l'incident « Scott-Ashlock ». John Scott était un ouvrier noir de petite taille. Son chef d'équipe, Irwin Ashlock, un grand gars baraqué du Mississippi. Au cours d'une dispute, Ashlock a ramassé un engrenage à pignons et a menacé Scott de lui faire sauter la cervelle avec. Scott s'est plaint au délégué, et le syndicat a fait remonter l'information à la direction, qui a déclaré qu'Ashlock avait le droit de se défendre, et que, plutôt que de le sanctionner, elle allait virer Scott. Ça a déclenché une grève sauvage et la fermeture de l'usine pendant toute une semaine. C'était une sacrée réussite, cette grève. On retrouvait l'unité d'autrefois - jeunes et vieux, noirs et blancs, hommes et femmes. Tout le monde était impliqué. Comme l'entreprise avait besoin de nos boîtes de vitesses, elle a cédé.
Classique de l'histoire sociale et politique américaine, Detroit : pas d'accord pour crever revient sur les luttes que mena dans les années 1970, au sein des usines automobiles de « Murder City », la Ligue des travailleurs noirs révolutionnaires.
Accordant une place de premier plan aux témoignages des acteurs de ce mouvement, il met crûment en lumière la réalité des conditions de travail à la chaîne, la corruption des appareils syndicaux, le racisme quotidien de la société américaine, mais aussi le développement à la base de luttes pour la justice sociale.
Si Detroit incarne aujourd'hui la faillite absolue du capitalisme industriel et l'abandon de toute une population par les élites politiques et économiques, les auteurs de ce livres invitent à considérer son histoire comme un modèle réduit de ce qui menace l'ensemble de la société américaine, voire des pays industrialisés - mais aussi un lieu où pourrait s'expérimenter une société plus juste et solidaire.
Spécialiste des politiques urbaines, Marvin Surkin a fait partie de la Ligue des travailleurs noirs révolutionnaires. Dan Georgakas est écrivain, historien et militant, spécialiste de l'histoire orale et du mouvement ouvrier américains.
Première traduction française de l'autobiographie-manifeste de Judy Chicago, artiste américaine iconique et pionnière du mouvement féministe en art aux États-Unis, parue en 1975.
Through the Flower a été mon premier livre (depuis, j'en ai publié neuf autres). J'ai été encouragée à l'écrire par l'auteure et diariste Anaïs Nin, qui a été mon mentor au début des années 1970. Lorsque j'ai écrit cette autobiographie, je l'ai pensée comme un genre de guide d'introduction pour les jeunes femmes artistes, susceptible de les aider dans leur développement. En retraçant mon propre combat, j'espérais leur épargner l'inexorable tourment de « réinventer l'eau chaude », car mes études sur l'histoire des femmes m'ont appris que c'est ce que font les femmes, toujours et encore, en particulier car nous n'avons pas accès aux expériences et aux avancées de nos prédécesseurs féminines - une conséquence du fait que nous continuons d'apprendre l'histoire de l'art et l'histoire tout court, sous un angle de vision masculin, intégrant trop peu les réussites de personnalités féminines.
Je dois reconnaître que lorsque je relis Through the Flower, je tressaille devant tant d'honnêteté sans fard ; mais en même temps, je suis heureuse que mon jeune « moi » ait eu le courage de parler avec une telle franchise de ma vie et de mon travail. Je doute être capable, aujourd'hui, de réanimer la candeur qui imprègne ce livre et reflète une confiance absolue dans l'accueil que le monde réserverait à des révélations si dénuées de conscience de soi. Et pourtant, c'est précisément cela qui donne son atmosphère particulière au livre, l'atmosphère des années 1970, où nous étions si nombreuses et nombreux à croire que nous pourrions changer le monde, dans le bon sens, un objectif qui a été - comme a dit l'une de mes amies - « violenté par la réalité ». Cependant, un espoir exagérément idéaliste d'améliorer le monde vaut mieux que l'acceptation cynique du statu quo. Au moins, avons-nous essayé - et je continue d'essayer. Peutêtre suis-je de toute façon trop vieille, désormais, pour changer.
Judy Chicago