L'action d'Ulysse se passe en un jour, à Dublin, en 1904. Le personnage d'Ulysse est un petit employé juif, Leopold Bloom ; Stephen Dedalus, jeune Irlandais poète, est Télémaque ; Marion, femme de Bloom et qui le trompe, est Pénélope. Rien n'arrive d'extraordinaire au cours de cette journée. Bloom et Dedalus errent dans la ville, vaquant à leurs affaires, et se retrouvent le soir dans un bordel.Chaque épisode correspond à un épisode de L'Odyssée. Mais la parodie débouche sur une mise en cause du monde moderne à une époque de muflisme. Joyce exprime l'universel par le particulier. Bloom, Dedalus, Marion sont des archétypes. Toute la vie, la naissance et la mort, la recherche du père (Dedalus est aussi Hamlet), celle du fils (Bloom a perdu un fils jeune), toute l'histoire sont contenues en un seul jour. C'est à Rabelais, à Swift que l'on peut comparer l'art de Joyce qui a écrit, dans Ulysse, la grande oeuvre épique et satirique de notre temps.
Journaliste biélorusse, l'auteure a enquêté durant trois ans. Elle a interrogé les hommes et les femmes de Tchernobyl et retranscrit leurs témoignages sur leurs sentiments, leur souffrance, leur état d'esprit et leur vision de la vie après l'accident. Il en résulte un livre où résonnent les voix des suppliciés de la catastrophe nucléaire.
Bravant les conventions avec une irritation voilée d'ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu'à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, nécessairement, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi.
Pourquoi un sexe est-il si prospère et l'autre si pauvre ? Quel est l'effet de la pauvreté sur le roman ? Virginia Woolf Traduit de l'anglais par Clara Malraux
Traduction neuve de «La Divine Comédie» entreprise par Danièle Robert, qui prend enfin en compte, dans notre langue, l'intégralité de la structure élaborée par Dante. Animée d'un souffle constant, ne se départant jamais, dans sa fidélité même, de la valeur poétique, cette traduction permet d'aller plus avant dans la découverte de la beauté inventive, de la puissance, de la modernité de ce chef-d'oeuvre universel.
"Car un laque décoré à la poudre d'or n'est pas fait pour être embrassé d'un seul coup d'oeil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l'un ou l'autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l'ombre, il suscite des résonances inexprimables.
De plus, la brillance de sa surface étincelante reflète, quand il est placé dans un lieu obscur, l'agitation de la flamme du luminaire, décelant ainsi le moindre courant d'air qui traverse de temps à autre la pièce la plus calme, et discrètement incite l'homme à la rêverie. N'étaient les objets de laque dans l'espace ombreux, ce monde de rêve à l'incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme, perdraient à coup sûr une bonne part de leur fascination.
Ainsi que de minces filets d'eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l'un ici, l'autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d'or." Publié pour la première fois en 1978 dans l'admirable traduction de René Sieffert, ce livre culte est une réflexion sur la conception japonaise du beau.
D'une fête à l'autre, en équilibre sur une ligne de coke, Clay et ses amis errent dans Los Angeles, suspendus au-dessus de l'abîme. Mais dans ce monde factice où règne l'alcool, le sexe et l'argent, difficile de se sentir en vie et de trouver un sens. Le premier roman vertigineux de Bret Easton Ellis dresse l'état des lieux glacial d'une jeunesse en perdition.
C'est l'écrivain américain le plus doué de sa génération.
Alexandre Fillion, Madame Figaro Traduit de l'américain par Brice Matthieussent
«Je me rendais bien compte que, cet été, quelque chose en moi ne tournait pas rond.»Lauréate d'un concours de poésie, Esther Greenwood découvre New York l'été de ses dix-neuf ans. Étourdie par les cocktails, la mode, les flirts et les amitiés fugaces, elle découvre la vie mondaine. Censée s'amuser comme jamais, elle s'ennuie et se trouve progressivement assaillie par des pensées morbides. De retour chez elle, tiraillée entre ses aspirations littéraires et son avenir tout tracé de femme au foyer, elle sombre dans une brutale dépression et se fait interner.D'inspiration autobiographique, ce roman offre un regard intime et déchirant sur la condition féminine, la solitude et la maladie mentale. Célébré pour son humour noir et son portrait acéré de la société patriarcale des années 1950, ce roman est un modèle du genre, unanimement salué par les autrices contemporaines.
Un roman d'anticipation selon Burroughs...
Une bande de garçons adolescents, homosexuels et drogués, sèment le chaos et la destruction partout où ils passent, menaçant de faire sombrer le monde civilisé. Il se pourrait bien que ce futur ressemble étrangement, terriblement, à nos temps présents - même distordu par les images et le style hallucinés de Burroughs, qui entraîne son lecteur jusqu'aux tréfonds les plus insoutenables de la violence, du sadisme et de la pornographie.
Avec une radicalité qui, paradoxalement, finit par confiner à une certaine poésie non dénuée d'humour, William Burroughs nous convie à une vision cauchemardesque de l'avenir et un grand choc littéraire.
Dans Le style Camp, Sontag tente de définir l'indéfinissable.
Le Camp, c'est une façon de voir le monde autant qu'une manière d'être. Cet art de valoriser l'artifice pourrait avoir pris corps selon Sontag pour la première fois dans Les Fourberies de Scapin, de Molière, en 1671, et autour de la figure de Louis XIV. La beauté androgyne de Greta Garbo, le film King Kong de 1933, ou encore Mozart, incarnent tous la sensibilité Camp - un mélange d'extravagance, de ludisme et de sérieux. Le Camp, en tant que subversion des normes sexuelles, est aussi une forme d'expression et un regard propre aux communautés queer.
Dans Culture et sensibilité d'aujourd'hui, Susan Sontag va plus loin encore. En théorisant notre « nouvelle sensibilité », elle suggère qu'il n'est plus possible de différencier l'art noble et l'art populaire et redéfinit la nouvelle fonction de l'art depuis la révolution industrielle. Emblématique d'une époque et de ses mouvances contestataires, ce second essai est une véritable déclaration d'indépendance par rapport à la critique traditionnelle : c'est l'un des textes critiques les plus lus et les plus influents des années 1960.
Publié à l'origine en 1964 et inclus dans son premier recueil d'essais emblématique, Against Interpretation, Le style Camp et Culture et sensibilité d'aujourd'hui ont été les premiers essais critiques à abolir les frontières entre la « haute » et la « basse » culture ; ils ont propulsé la carrière de Susan Sontag dans les années 1960. Ces essais ont initié une nouvelle façon de penser, ouvrant la voie à un tout nouveau style de critique culturelle.
Sacha Greenlaw, 16 ans, et son petit-frère Robert habitent à Brighton avec leur mère. La jeune lycéenne est très engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique, contrairement à son cadet qui s'est muré dans un discours provocateur et exagérément conservateur - rappelant les sorties tonitruantes de Boris Johnson. Alors que la tension est à son comble après une mauvaise blague du jeune frère, débarquent Charlotte (dont Robert tombe immédiatement amoureux) et son acolyte Arthur. Tous deux sont en route pour rencontrer Daniel Gluck, 104 ans, ami de la défunte mère d'« Art » et ayant été emprisonné pendant la Seconde Guerre mondiale à cause de ses origines allemandes. Mais le Royaume-Uni est-il une terre plus accueillante aujourd'hui ?
Rien n'est moins sûr, selon Sacha. Cette dernière a entamé une correspondance avec Hero, un sans-papiers enfermé depuis bientôt trois ans. Elle lui envoie des mots de soutien, parle de ses combats pour la planète, mais aussi des martinets qui reviennent chaque été sur les côtes britanniques. Alors que le Covid sévit et que les différents confinements ont éreinté la population, le virus pourrait amener les autorités à alléger la population carcérale. Et si un vent de liberté s'apprêtait à souffler sur un pays qui n'a cessé de s'isoler ces dernières années ?
Au carrefour de l'histoire et des débats qui secouent aujourd'hui le Royaume-Uni, Été est un roman multigénérationnel sur l'amour, le temps et les choix politiques d'une démocratie occidentale. Ali Smith compose ici un magnifique hymne à l'hospitalité.
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux
À quarante et un ans, Cal aborde une autre étape de sa vie : intrigué par l'histoire de sa famille, une famille au fort degré de consanguinité, il a décidé de consigner une fois pour toutes l'errance mouvementée à travers le temps de ses lointains parents, et du gène à l'origine de sa " double " nature. Tout a commencé à Smyrne en 1922. Desdémone élève des vers à soie, elle vit avec son frère Lefty qui va les vendre sur le marché. Lorsque les Turcs mettent le feu à la ville, ils fuient et s'embarquent sur un paquebot. C'est l'occasion de " reconstruire " leur vie sur la seule chose finalement qu'ils n'ont pas perdue, leur désir. Durant le long voyage qui les mènera à Detroit, ils se marient, tout en gardant le silence sur la nature incestueuse de leur union. À Detroit, Lefty ouvre un bar. Leur fils, Milton, le reprend dans les années 50, après avoir épousé sa cousine Tessie. Il le fait prospérer au point de rêver à une autre affaire. Les émeutes sociales de Detroit en juillet 1967 précipitent son projet : le bar brûle et Milton investit dans une fabrique de hot dogs. Il fait fortune et peut enfin s'installer dans les beaux quartiers : il achète la maison la plus excentrique de Grosse Pointe, la banlieue résidentielle de Detroit, une maison " moderne ", rue Middlesex. Et il envoie sa fille, Calliope, dans une école pour jeunes filles de bonne famille, jusqu'au jour où elle se lie avec l'une d'elles, une " rousse originaire de Grosse Pointe " qu'elle surnomme " L'Objet Obscur ".
Ce récit, écrit à la première personne, raconte la lente maladie du père de l'auteur âgé de quatre-vingt-six ans, sa lutte obstinée pour vaincre la tumeur au cerveau qui finira par l'emporter. Dans ce combat contre le drame de la vieillesse, le fils guide et assiste le père jusqu'à s'identifier à lui.Patrimoine est une histoire vraie (comme le précise le sous-titre) dont Herman, le père, plus encore que le fils, est le barde. Une histoire cruelle et émouvante, que l'intégrité d'Herman, son refus de l'héroïque et de l'édifiant préservent pourtant de la complaisance et du sentimentalisme. Un récit qui proclame l'infinie complexité et la permanence de la vie, la nécessité de se souvenir, de ne rien oublier, car «être vivant, c'est être fait de mémoire. Si un homme n'est pas fait de mémoire, il n'est fait de rien». Une élégie d'horreur et de compassion, mais aussi d'amour.
Nostalgique, ironique, féerique, voici une sorte de miroir magique, où se reflètent, plus ou moins déformés, les fantômes de Tom. Catherine Fruchon-Toussaint.
La Ménagerie de verre est une pièce de la mémoire , dit Tennessee Williams. Mémoire que l'on peut interpréter à la fois comme le souvenir d'un temps passé et l'hommage à une personne. Et en effet, construite en sept scènes, cette pièce s'inspire du vécu de Thomas (dit Tennessee) dans les années 1930 et témoigne surtout de son amour infini pour sa soeur, à laquelle il redonne humanité par ce texte. Dans la mémoire de Tom se rejoue devant nos yeux un passé familial qui le hante, entre une mère obsédée par sa jeunesse perdue et une soeur maladivement fragile, qui collectionne les animaux miniatures, constituant ainsi sa plus précieuse possession : une ménagerie de verre.
Consciente de la position cruciale d'Alice B. Toklas à ses côtés et réticente à l'idée d'écrire son autobiographie, Gertrude Stein recourt à un astucieux retournement littéraire pour rendre compte des années capitales de sa vie parisienne, depuis son arrivée en 1903 jusqu'à l'après Première Guerre mondiale : adopter le point de vue de sa fidèle compagne, qui la connaissait mieux que quiconque, pour faire son propre portrait. Se dévoile ainsi, à travers de vifs et volubiles échanges, la personnalité de celle qui est indéniablement devenue une patronne des arts, adepte du Salon des indépendants, contribuant à faire découvrir nombre d'artistes avant-gardistes, notamment cubistes, qu'elle a imposés sur la scène artistique internationale.
Ce dernier recueil inédit en français de Dorothy Allison nous permet de replonger avec délectation dans son style incandescent et empli de douceur, et dans cette manière si singulière et touchante de nommer les choses et de raconter des histoires « trash ». Ces récits, écrits pour la plupart dans les années 1980, ont été rassemblés par l'autrice elle-même. On y trouve en germe toutes les thématiques que la romancière lesbienne et issue du prolétariat white trash du Sud des États-Unis a traitées dans son oeuvre : la misère sociale, les relations avec les femmes de sa famille, la violence de son beau-père, la sexualité, le rapport à la nourriture, la maladie de sa mère... Des histoires tour à tour jubilatoires et bouleversantes qui nous touchent en plein coeur.
Ce voyage à pied à travers le Suffolk, région historiquement riche de la côte est de l'Angleterre, est prétexte à un ensemble de récits passionnants au pouvoir symbolique enchanteur.
Sophia Cleves a proposé à son fils Art - avec qui elle entretient des relations plutôt distantes - de venir passer Noël dans sa grande maison en Cornouailles. A cette occasion, il était prévu qu'il lui présente sa petite amie Charlotte. Sauf que Charlotte rompt avec Art. Ce dernier ne voulant pas se désavouer devant sa mère, il propose à une jeune femme rencontrée à un arrêt de bus de jouer le rôle de Charlotte le temps des fêtes de fin d'année.
Une fois sur place, le faux couple se rend compte que la mère d'Art ne va pas bien. Son comportement est erratique, et elle semble confuse. Art appelle sa tante Iris au secours, bien que les deux femmes ne se soient pas parlé depuis trente ans. Un drôle de week-end commence alors : le souvenir d'autres fêtes de Noël surgit, la mémoire de l'enfance commune aussi, puis la brouille autour des choix idéologiques des deux soeurs refait surface. Car Sophia est une femme d'affaires à la retraite, alors que sa soeur Iris a consacré sa vie au militantisme politique et n'a renié aucune de ses convictions.
L'hiver, pour Ali Smith, est la saison des ruptures, des convictions qui nous séparent, avant d'être celle des retrouvailles. Son regard sur les faux-semblants de nos sociétés à l'ère de la post-vérité est impitoyable, tendre et drôle à la fois, portée par une langue d'une grande poésie.
Après Journal d'Edward, hamster nihiliste, Myriam et Ezra Elia frappent encore, cette fois-ci avec une trilogie inspirée des «Ladybirds Grade Reader» - ces petits albums éducatifs qui ont bercé plusieurs générations outre-Manche. La «naïveté» et l'aspect vintage des illustrations et de la mise en page contrastent délicieusement avec l'humour noir distillé par le texte : vous tenez entre vos mains des ouvrages inclassables où se croisent l'esprit des Monty Python et les aventures de Martine dans une version revisitée à la sauce punk.Vous souhaitez ouvrir l'imagination de vos enfants à la profondeur et à la beauté de l'art ? Vous êtes désireux de leur apporter un enseignement personnalisé, de qualité et fondé sur des critères objectifs ? Vous aimeriez leur expliquer en quoi l'espace public permet de mieux comprendre le fonctionnement de la société qui est la nôtre ?Ces trois volumes (La visite au musée, La sortie en ville, L'école à la maison) vous permettront de passer de délicieux moments en famille, en joignant l'utile à l'agréable. Style décapant et absurdité garantis !
Chroma est le dernier livre de Derek Jarman. «Autobiographie par la couleur» d'un homme qui perd chaque jour un peu plus la vue, jusqu'à quasiment devenir aveugle, tandis qu'il en écrit les dernières pages sur son lit d'hôpital, et qui revient sur les couleurs du langage et des livres, les seules auxquelles il a désormais accès. «C'est pour cela que je n'ai pas voulu mettre de photo», écrit-il. Mais Chroma n'en reste pas moins plein de cet humour si particulier à l'oeuvre de Jarman, qui mêle à ses souvenirs d'enfance ou ceux d'une jeunesse «héroïque» dans les quartiers «rouges» de Londres, ses lectures érudites, des remarques toujours en demi-teinte sur la peinture et une réflexion sur le jeu des couleurs de fleurs sur la lande de Dungeness, où pousse son «dernier jardin».
« L'oeuvre de Cabral est l'une des plus influentes dans la poésie moderne brésilienne. Il a profondément marqué, par son originalité, par la rigueur poétique et éthique de ses vers, les poètes brésiliens de la seconde moitié du XXe siècle. Écrivain populaire (ses vers ont été mis en musique par Chico Buarque, et Caetano Veloso se réclame volontiers de lui), il est aussi reconnu comme un immense poète par ses pairs et la critique. Nous espérons, avec ce recueil, faire découvrir aux lecteurs de langue française une oeuvre d'une grande originalité, qui émeut profondément par le regard nouveau qu'elle porte sur le monde. » Mathieu Dosse
Le réalisateur Richard Lease a connu des jours meilleurs. Il n'est plus à la mode, et ne se remet pas de la mort de sa grande amie Paddy. Elle fut sa scénariste, son soutien et sa boussole. Ivre de chagrin, il entreprend un voyage vers le nord du pays, en dialoguant avec une enfant imaginaire, faute d'être resté en contact avec sa propre fille qu'il n'a pas vue grandir. Sa route va croiser celle de Brittany, qui travaille dans un centre de détention pour immigrants. Elle aussi est partie de Londres sans réfléchir, à la poursuite de Florence, une mystérieuse jeune fille qui a secoué l'institution pour laquelle Brittany travaille. Le printemps va-t-il permettre à ces âmes perdues de retrouver leur chemin ?
Ali Smith poursuit sa réflexion poétique et politique sur notre époque en portant une attention particulière aux gens déplacés, en fuite ou rejetés. Sa fantaisie joyeuse infuse une narration pourtant centrée sur la misère cachée de nos sociétés contemporaines, et en faisant appel à Charlie Chaplin, Katherine Mansfield, Rilke ou encore Shakespeare, elle nous amène vers un printemps libérateur.
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux
Première traduction française du premier roman de l'artiste, activiste et théoricienne féministe radicale canadienne.
Publié par les éditions Semiotext(e) en 1998 sous le titre Airless Spaces, Zones mortes est le premier roman de Shulamith Firestone. Elle écrit ces courtes nouvelles alors qu'elle s'écarte progressivement d'une carrière d'activiste féministe et se trouve dans un état de plus en plus proche de l'asphyxie. Ces histoires sont celles de personnes en proie à la pauvreté presque institutionnelle de New York, mises en danger par des allers et retours entre hôpital psychiatrique et quotidien sclérosé. Sur la quatrième de couverture de l'édition originale, on lit les mots de la poète Eileen Myles : « Le vingtième siècle, qui m'est le plus familier, n'a pas fini d'exploser en particules de plus en plus minces. La fable radicale que nous conte de l'intérieur Shulamith Firestone s'infiltre en nous comme une fine pluie abrasive. Elle nous annonce une disparition orchestrée par l'institutionnalisation de ce siècle, qui nous dépouille de tout notre être jusqu'à ce qu'il ne reste plus personne pour fermer la porte. ».
L'édition en français proposée ici, dans une traduction d'Émilie Notéris, est accompagnée d'un texte de Chris Kraus, autrice et première éditrice du livre.
« J'ai rêvé que je me trouvais sur un navire en perdition. Il s'agissait d'un luxueux paquebot à l'instar du Titanic. L'eau s'infiltrait doucement, les passagers et les passagères se savaient condamné·e·s. Allégresse et gaieté régnaient sur les deux ponts supérieurs, nous étions sur notre 31, nous mangions, buvions et rions, puisque bientôt nous ne serions plus. Une note d'hystérie planait néanmoins sur les réjouissances ; j'observais ici et là des choses étranges se dérouler comme dans un dessin de Grosz. ».
Shulamith Firestone, Zones mortes
Umberto Eco De Superman au Surhomme Pourquoi et comment lit-on les romans-feuilletons ? Quels sont les mécanismes de la narration, les astuces et les « ficelles » dont se sert un auteur pour tenir son lecteur en haleine ? Comment fonctionne l'idéologie de la consolation - ou comment le héros console le lecteur de ne pas être un surhomme oe Umberto Eco enquête sur le roman populaire et met ses champions à la question. De Rocambole à Monte-Cristo, d'Arsène Lupin à James Bond, de Tarzan à Superman, ce sont les principales figures de la mythologie littéraire contemporaine qui sont examinées à la loupe.
Apologie superbe d'un univers romanesque parfois injustement déprécié, De Superman au Surhomme nous révèle de manière exemplaire que « lire facile » ne signifie pas nécessairement « lire idiot ».
Daniel Gluck, centenaire, ne reçoit pas d'autres visites dans sa maison de retraite que celles d'une jeune femme qui vient lui faire la lecture. Aucun lien familial entre les deux pourtant, mais une amitié profonde qui remonte à l'enfance d'Elisabeth, quand Daniel était son voisin. Elisabeth n'oubliera jamais la générosité de cet homme si gentil et distingué qui l'a éveillée à la littérature, au cinéma et à la peinture.
Les rêves - ceux des gens ordinaires, ou ceux des artistes oubliés - prennent une place importante dans la vie des protagonistes d'Ali Smith, mais le réel de nos sociétés profondément divisées y trouve également un écho. Le référendum sur le Brexit vient d'avoir lieu, et tout un pays se déchire au sujet de son avenir, alors que les deux amis mesurent, chacun à sa manière, le temps qui passe. Comment accompagner le mouvement perpétuel des saisons, entre les souvenirs qui affluent et la vie qui s'en va ?
L'écriture d'Ali Smith explore les fractures de nos démocraties modernes et nous interroge sur le sens de nos existences avec une poésie qui n'appartient qu'à elle, et qui lui a permis de s'imposer comme l'un des écrivains britanniques les plus singuliers, les plus lus dans le monde entier.
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux.