Sacha Greenlaw, 16 ans, et son petit-frère Robert habitent à Brighton avec leur mère. La jeune lycéenne est très engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique, contrairement à son cadet qui s'est muré dans un discours provocateur et exagérément conservateur - rappelant les sorties tonitruantes de Boris Johnson. Alors que la tension est à son comble après une mauvaise blague du jeune frère, débarquent Charlotte (dont Robert tombe immédiatement amoureux) et son acolyte Arthur. Tous deux sont en route pour rencontrer Daniel Gluck, 104 ans, ami de la défunte mère d'« Art » et ayant été emprisonné pendant la Seconde Guerre mondiale à cause de ses origines allemandes. Mais le Royaume-Uni est-il une terre plus accueillante aujourd'hui ?
Rien n'est moins sûr, selon Sacha. Cette dernière a entamé une correspondance avec Hero, un sans-papiers enfermé depuis bientôt trois ans. Elle lui envoie des mots de soutien, parle de ses combats pour la planète, mais aussi des martinets qui reviennent chaque été sur les côtes britanniques. Alors que le Covid sévit et que les différents confinements ont éreinté la population, le virus pourrait amener les autorités à alléger la population carcérale. Et si un vent de liberté s'apprêtait à souffler sur un pays qui n'a cessé de s'isoler ces dernières années ?
Au carrefour de l'histoire et des débats qui secouent aujourd'hui le Royaume-Uni, Été est un roman multigénérationnel sur l'amour, le temps et les choix politiques d'une démocratie occidentale. Ali Smith compose ici un magnifique hymne à l'hospitalité.
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux
Sophia Cleves a proposé à son fils Art - avec qui elle entretient des relations plutôt distantes - de venir passer Noël dans sa grande maison en Cornouailles. A cette occasion, il était prévu qu'il lui présente sa petite amie Charlotte. Sauf que Charlotte rompt avec Art. Ce dernier ne voulant pas se désavouer devant sa mère, il propose à une jeune femme rencontrée à un arrêt de bus de jouer le rôle de Charlotte le temps des fêtes de fin d'année.
Une fois sur place, le faux couple se rend compte que la mère d'Art ne va pas bien. Son comportement est erratique, et elle semble confuse. Art appelle sa tante Iris au secours, bien que les deux femmes ne se soient pas parlé depuis trente ans. Un drôle de week-end commence alors : le souvenir d'autres fêtes de Noël surgit, la mémoire de l'enfance commune aussi, puis la brouille autour des choix idéologiques des deux soeurs refait surface. Car Sophia est une femme d'affaires à la retraite, alors que sa soeur Iris a consacré sa vie au militantisme politique et n'a renié aucune de ses convictions.
L'hiver, pour Ali Smith, est la saison des ruptures, des convictions qui nous séparent, avant d'être celle des retrouvailles. Son regard sur les faux-semblants de nos sociétés à l'ère de la post-vérité est impitoyable, tendre et drôle à la fois, portée par une langue d'une grande poésie.
Le réalisateur Richard Lease a connu des jours meilleurs. Il n'est plus à la mode, et ne se remet pas de la mort de sa grande amie Paddy. Elle fut sa scénariste, son soutien et sa boussole. Ivre de chagrin, il entreprend un voyage vers le nord du pays, en dialoguant avec une enfant imaginaire, faute d'être resté en contact avec sa propre fille qu'il n'a pas vue grandir. Sa route va croiser celle de Brittany, qui travaille dans un centre de détention pour immigrants. Elle aussi est partie de Londres sans réfléchir, à la poursuite de Florence, une mystérieuse jeune fille qui a secoué l'institution pour laquelle Brittany travaille. Le printemps va-t-il permettre à ces âmes perdues de retrouver leur chemin ?
Ali Smith poursuit sa réflexion poétique et politique sur notre époque en portant une attention particulière aux gens déplacés, en fuite ou rejetés. Sa fantaisie joyeuse infuse une narration pourtant centrée sur la misère cachée de nos sociétés contemporaines, et en faisant appel à Charlie Chaplin, Katherine Mansfield, Rilke ou encore Shakespeare, elle nous amène vers un printemps libérateur.
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux
Daniel Gluck, centenaire, ne reçoit pas d'autres visites dans sa maison de retraite que celles d'une jeune femme qui vient lui faire la lecture. Aucun lien familial entre les deux pourtant, mais une amitié profonde qui remonte à l'enfance d'Elisabeth, quand Daniel était son voisin. Elisabeth n'oubliera jamais la générosité de cet homme si gentil et distingué qui l'a éveillée à la littérature, au cinéma et à la peinture.
Les rêves - ceux des gens ordinaires, ou ceux des artistes oubliés - prennent une place importante dans la vie des protagonistes d'Ali Smith, mais le réel de nos sociétés profondément divisées y trouve également un écho. Le référendum sur le Brexit vient d'avoir lieu, et tout un pays se déchire au sujet de son avenir, alors que les deux amis mesurent, chacun à sa manière, le temps qui passe. Comment accompagner le mouvement perpétuel des saisons, entre les souvenirs qui affluent et la vie qui s'en va ?
L'écriture d'Ali Smith explore les fractures de nos démocraties modernes et nous interroge sur le sens de nos existences avec une poésie qui n'appartient qu'à elle, et qui lui a permis de s'imposer comme l'un des écrivains britanniques les plus singuliers, les plus lus dans le monde entier.
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux.