Dans les vestiges des grands pins ponderosas d'Oregon pousse le matsutake, un champignon qui compte parmi les aliments les plus chers au monde. C'est le point de départ de cette enquête qui transforme un paradoxe en outil d'exploration : en suivant la piste de ce champignon rare, Anna Tsing décrypte la dynamique de notre monde au bord de la destruction au moyen d'outils conceptuels neufs. Bien plus qu'une métaphore, le matsutake est une leçon d'optimisme dans un monde désespérant.
Ce n'est pas seulement dans les pays ravagés par la guerre qu'il faut apprendre à vivre dans les ruines. Car les ruines se rapprochent et nous enserrent de toute part, des sites industriels aux paysages naturels dévastés. Mais l'erreur serait de croire que l'on se contente d'y survivre.
Dans les ruines prolifèrent en effet de nouveaux mondes qu'Anna Tsing a choisi d'explorer en suivant l'odyssée étonnante d'un mystérieux champignon qui ne pousse que dans les forêts détruites.
Suivre les matsutakes, c'est s'intéresser aux cueilleurs de l'Oregon, ces travailleurs précaires, vétérans des guerres américaines, immigrés sans papiers, qui vendent chaque soir les champignons ramassés le jour et qui termineront comme des produits de luxe sur les étals des épiceries fines japonaises. Chemin faisant, on comprend pourquoi la précarité n'est pas seulement un terme décrivant la condition des cueilleurs sans emploi stable mais un concept pour penser le monde qui nous est imposé.
Suivre les matsutakes, c'est apporter un éclairage nouveau sur la manière dont le capitalisme s'est inventé comme mode d'exploitation et dont il ravage aujourd'hui la planète.
Suivre les matsutakes, c'est aussi une nouvelle manière de faire de la biologie : les champignons sont une espèce très particulière qui bouscule les fondements des sciences du vivant.
Les matsutakes ne sont donc pas un prétexte ou une métaphore, ils sont le support surprenant d'une leçon d'optimisme dans un monde désespérant.
Dans cette série de cours donnés avant sa disparition, Mark Fisher, théoricien critique britannique, auteur du Réalisme capitaliste et de Spectres de ma vie, commence par une question pour nous fondamentale : Voulons-nous vraiment ce que nous prétendons vouloir ?. Discutant avec ses élèves certaines des idées-phares de la pensée critique, il explore la relation entre le désir et le capitalisme, et se demande quelles puissances d'imagination et de relation restent à libérer à une époque où elles sont sans cesse re-programmées et canalisées par le développement personnel, la publicité et les industries technologiques. De l'émergence et de l'échec de la contre-culture dans les années 1970 à l'accélérationisme contemporain, en passant par les groupes d'auto-conscience féministe, ce livre met en perspective l'évolution d'un flux de positions, de programmes et d'actions pour mieux défendre la nécessité d'une transformation radicale de la société et de la culture.
Consommer plus pour travailler plus : c'est ce que, en 1932, préconise Bernard London face à l'inaction du Président Hoover (1929-1933) et à la veille des grands chantiers du Président Roosevelt (1932-1945). Pour le courtier new-yorkais en immobilier, il suffit de proposer une sorte de " prime à la casse ", pénalisant la détention de tout objet ayant dépassé sa date fiscale de péremption. Ainsi, tant par le management que par la planification, l'économie américaine retrouvera l'" équilibre entre production et consommation ". Précisons que vingt ans plus tard, le baby boom, la publicité, le marketing et le crédit élèveraient l'achat au rang d'un art purement consumériste et la production à celui d'une obsolescence véritablement programmée...
Postface inédite de Serge Latouche, économiste et objecteur de croissance.