Comme un écrivain qui pense que « toute audace véritable vient de l'intérieur », Leïla Slimani préfère la solitude à la distraction. Pourquoi alors accepter cette proposition d'une nuit blanche à la Pointe de la Douane, à Venise, dans les collections d'art de la Fondation Pinault, qui ne lui parlent guère ? Autour de cette « impossibilité » d'un livre, avec un art subtil de digresser dans la nuit vénitienne, Leïla Slimani nous parle d'elle, de l'enfermement, du mouvement, du voyage, de l'intimité, de l'identité, de l'entre-deux, entre Orient et Occident, où elle navigue et chaloupe, comme Venise à la Pointe de la Douane.
Journaliste biélorusse, l'auteure a enquêté durant trois ans. Elle a interrogé les hommes et les femmes de Tchernobyl et retranscrit leurs témoignages sur leurs sentiments, leur souffrance, leur état d'esprit et leur vision de la vie après l'accident. Il en résulte un livre où résonnent les voix des suppliciés de la catastrophe nucléaire.
Traduction neuve de «La Divine Comédie» entreprise par Danièle Robert, qui prend enfin en compte, dans notre langue, l'intégralité de la structure élaborée par Dante. Animée d'un souffle constant, ne se départant jamais, dans sa fidélité même, de la valeur poétique, cette traduction permet d'aller plus avant dans la découverte de la beauté inventive, de la puissance, de la modernité de ce chef-d'oeuvre universel.
"Car un laque décoré à la poudre d'or n'est pas fait pour être embrassé d'un seul coup d'oeil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l'un ou l'autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l'ombre, il suscite des résonances inexprimables.
De plus, la brillance de sa surface étincelante reflète, quand il est placé dans un lieu obscur, l'agitation de la flamme du luminaire, décelant ainsi le moindre courant d'air qui traverse de temps à autre la pièce la plus calme, et discrètement incite l'homme à la rêverie. N'étaient les objets de laque dans l'espace ombreux, ce monde de rêve à l'incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme, perdraient à coup sûr une bonne part de leur fascination.
Ainsi que de minces filets d'eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l'un ici, l'autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d'or." Publié pour la première fois en 1978 dans l'admirable traduction de René Sieffert, ce livre culte est une réflexion sur la conception japonaise du beau.
«Autant que le permettent les lois de la création littéraire, les Petits Poèmes en prose marquent un commencement absolu. Ils soutiennent tout un système généalogique dont on dessine les branches maîtresses quand on cite le premier livre des Divagations, les Illuminations et les Moralités légendaires : le foisonnement ultérieur est infini. Il semble que Baudelaire ait eu lui-même conscience d'avoir ouvert par cette extrême expérience une route que l'on dût, après lui, nécessairement emprunter. Du moins, entendait-il qu'on lui rapportât le mérite de l'avoir frayée. Il mandait à Arsène Houssaye, dans un billet de 1861 : Je me pique qu'il y a là quelque chose de nouveau, comme sensation ou comme expression - et dans sa dédicace au même, il se défendait, tout en jouant le dépit, d'avoir simplement imité la technique d'Aloysius Bertrand. Enfin, dans sa Correspondance, il mettait l'accent sur le caractère de singularité radicale, pour ne pas dire : répulsive, des bagatelles laborieuses, dont il sentait qu'en matière de poésie elles constitueraient son dernier mot.» Georges Blin.
Que fait-on quand on regarde une peinture? À quoi pense-t-on? Qu'imagine-t-on? Comment dire, comment se dire à soi-même ce que l'on voit ou devine? Et comment l'historien d'art peut-il interpréter sérieusement ce qu'il voit un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout?En six courtes fictions narratives qui se présentent comme autant d'enquêtes sur des évidences du visible, de Velazquez à Titien, de Bruegel à Tintoret, Daniel Arasse propose des aventures du regard. Un seul point commun entre les tableaux envisagés:la peinture y révèle sa puissance en nous éblouissant, en démontrant que nous ne voyons rien de ce qu'elle nous montre. On n'y voit rien! Mais ce rien, ce n'est pas rien.Écrit par un des historiens d'art les plus brillants d'aujourd'hui, ce livre adopte un ton vif, libre et drôle pour aborder le savoir sans fin que la peinture nous délivre à travers les siècles.
Esther Greenwood, dix-neuf ans, est à New York avec d'autres lauréates d'un concours de poésie organisé par un magazine de mode. De réceptions en soirées passées pour tuer le temps, ce sont quelques jours d'une existence agitée et futile que vit la narratrice. En même temps, elle se souvient de son enfance, de son adolescence d'étudiante américaine, des amours qu'elle a connues. Tout bascule lorsque Esther quitte New York. Tentatives de suicide, traitements de choc, guérison, rechutes, et, pour finir, l'espoir. Esther est à la fois «patiente» dans l'univers hospitalier et observatrice au regard aigu de ce monde, qui a pour toile de fond l'Amérique des années 1950.
Sacha Greenlaw, 16 ans, et son petit-frère Robert habitent à Brighton avec leur mère. La jeune lycéenne est très engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique, contrairement à son cadet qui s'est muré dans un discours provocateur et exagérément conservateur - rappelant les sorties tonitruantes de Boris Johnson. Alors que la tension est à son comble après une mauvaise blague du jeune frère, débarquent Charlotte (dont Robert tombe immédiatement amoureux) et son acolyte Arthur. Tous deux sont en route pour rencontrer Daniel Gluck, 104 ans, ami de la défunte mère d'« Art » et ayant été emprisonné pendant la Seconde Guerre mondiale à cause de ses origines allemandes. Mais le Royaume-Uni est-il une terre plus accueillante aujourd'hui ?
Rien n'est moins sûr, selon Sacha. Cette dernière a entamé une correspondance avec Hero, un sans-papiers enfermé depuis bientôt trois ans. Elle lui envoie des mots de soutien, parle de ses combats pour la planète, mais aussi des martinets qui reviennent chaque été sur les côtes britanniques. Alors que le Covid sévit et que les différents confinements ont éreinté la population, le virus pourrait amener les autorités à alléger la population carcérale. Et si un vent de liberté s'apprêtait à souffler sur un pays qui n'a cessé de s'isoler ces dernières années ?
Au carrefour de l'histoire et des débats qui secouent aujourd'hui le Royaume-Uni, Été est un roman multigénérationnel sur l'amour, le temps et les choix politiques d'une démocratie occidentale. Ali Smith compose ici un magnifique hymne à l'hospitalité.
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux
« Ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages. » La place Saint-Sulpice à Paris. La place Saint-Sulpice vue par les yeux de Georges Perec. Les 18, 19 et 20 octobre 1974, à différents moments de la journée. La place Saint-Sulpice vue successivement du Tabac Saint-Sulpice, du Café de la Mairie, du Café de la Fontaine Saint-Sulpice, ou « sur un banc en plein soleil, au milieu des pigeons, regardant dans la direction de la fontaine ». Des listes. Les petits faits insignifiants de la vie quotidienne. Rien, ou presque rien. Et pourtant si : un regard, une perception humaine, unique, vibrante, impressionniste, variable, comme celle de Monet devant la cathédrale de Rouen. Les mille petits détails inaperçus qui font la vie d'une grande cité - d'un petit coin dans une grande cité. Les mille variations imperceptibles du temps, de la lumière, du décor, du vivant. Autobus, chiens, passants, touristes.
Le Mont analogue, l'oeuvre maîtresse de René Daumal, ne sera découverte qu'après sa mort.
Dans ce récit, le poète du Grand Jeu embarque le lecteur dans un voyage initiatique vers le Mont Analogue, mystérieux et invisible sommet, objet de tous les fantasmes. Pierre Sogol, curieux monsieur, convainc le narrateur de l'accompagner dans une quête qui les conduira à traverser le Pacifique, avant d'accoster à l'énigmatique Port-des-Singes. Ils entreprendront de gravir le Mont, sans atteindre le sommet : Daumal mourra avant d'avoir terminé son récit.
Mythique, inaccessible, le Mont Analogue demeurera un mystère pour l'auteur et ses lecteurs. Horizon lointain et pénétrant, le Mont, par sa puissance allégorique, fascinera plusieurs générations d'artistes et inspirera à Jodorowski sa Montagne sacrée.
Échappé du bagne, Florent gagne la capitale où il trouve un emploi au coeur des Halles. Républicain contraint à la clandestinité dans une France dirigée d'une main de fer par Napoléon III, il devra composer avec un peuple de petits bourgeois avides et prompts à revendiquer la part du voisin. Le Ventre de Paris, ce sont les Halles, avec leur «souffle colossal épais encore de l'indigestion de la veille», leurs montagnes de mangeailles, de viandes saignantes, «de choses fondantes, de choses grasses», de «gradins de légumes» d'où montent «le râle de tous les potagers de la banlieue». «L'idée générale, écrit Zola, est le ventre, la bourgeoisie digérant, ruminant, la bête broyant le foin au râtelier, la bedaine pleine et heureuse se ballonnant au soleil.» C'est l'éternel combat des «Gras» contre les «Maigres».
En 2025 aux États-Unis, après l'effondrement du dollar, l'exclusion, la misère et la violence atteignent des proportions inégalées. Les propriétaires sont barricadés et armés contre les pillards, les crève-la-faim, les pyromanes ou les bandes furieuses de drogués. Dans ce monde détruit, quelques groupes tentent de s'organiser pour survivre. C'est au sein de l'une de ces communautés que vit Lauren, quinze ans, noire, fille du premier mariage d'un pasteur noir et d'une junkie, dotée d'une faiblesse génétique, une hyper-empathie qui lui fait ressentir physiquement la douleur ou le plaisir d'autrui.
Jetée sur les routes dans un exode de cauchemar, la jeune fille trace son chemin à travers le chaos, semant une parole d'espoir pour une nouvelle humanité auprès des déshérités.
L'histoire se poursuit dans un second volume, La Parabole des talents, disponible au Diable vauvert.
Consciente de la position cruciale d'Alice B. Toklas à ses côtés et réticente à l'idée d'écrire son autobiographie, Gertrude Stein recourt à un astucieux retournement littéraire pour rendre compte des années capitales de sa vie parisienne, depuis son arrivée en 1903 jusqu'à l'après Première Guerre mondiale : adopter le point de vue de sa fidèle compagne, qui la connaissait mieux que quiconque, pour faire son propre portrait. Se dévoile ainsi, à travers de vifs et volubiles échanges, la personnalité de celle qui est indéniablement devenue une patronne des arts, adepte du Salon des indépendants, contribuant à faire découvrir nombre d'artistes avant-gardistes, notamment cubistes, qu'elle a imposés sur la scène artistique internationale.
Les quatre morts du vieil homme Longoué, les fiertés de Rochebrune, la folie de Marie Celat, les résurrections de Stepan Stepanovitch, les Mémoires de guerre de Rigobert Massoul, les prédestinations d'Artémise et de Marie-Annie, et combien d'autres épisodes, avec une multitude de personnages, - les trois Anestor, le dieu du commerce et de l'invention, sans compter ces bêtes prédestinées : le cochon fou et la vache consacrée de Monsieur Lomé, le coq sauvage et le matouchatte - précèdent, préparent ou accompagnent la dérive de Mathieu Béluse et de Raphaël Targin, dans le Tout-monde.Ils sont le sel de la Diversité. Ils ont dépassé les limites et les frontières, ils mélangent les langages, ils déménagent les langues, ils transbahutent, ils tombent dans la folie du monde, on les refoule et les exclut de la puissance du Territoire mais, ils sont la terre elle-même, ils vont au-devant de nous, ils voient, loin devant, ce point fixe qu'il faudra dépasser une fois encore.Ce roman est une anthologie de toutes les sortes de voyages possibles, hormis ceux de conquête.
Ce récit, écrit à la première personne, raconte la lente maladie du père de l'auteur âgé de quatre-vingt-six ans, sa lutte obstinée pour vaincre la tumeur au cerveau qui finira par l'emporter. Dans ce combat contre le drame de la vieillesse, le fils guide et assiste le père jusqu'à s'identifier à lui.Patrimoine est une histoire vraie (comme le précise le sous-titre) dont Herman, le père, plus encore que le fils, est le barde. Une histoire cruelle et émouvante, que l'intégrité d'Herman, son refus de l'héroïque et de l'édifiant préservent pourtant de la complaisance et du sentimentalisme. Un récit qui proclame l'infinie complexité et la permanence de la vie, la nécessité de se souvenir, de ne rien oublier, car «être vivant, c'est être fait de mémoire. Si un homme n'est pas fait de mémoire, il n'est fait de rien». Une élégie d'horreur et de compassion, mais aussi d'amour.
Sophia Cleves a proposé à son fils Art - avec qui elle entretient des relations plutôt distantes - de venir passer Noël dans sa grande maison en Cornouailles. A cette occasion, il était prévu qu'il lui présente sa petite amie Charlotte. Sauf que Charlotte rompt avec Art. Ce dernier ne voulant pas se désavouer devant sa mère, il propose à une jeune femme rencontrée à un arrêt de bus de jouer le rôle de Charlotte le temps des fêtes de fin d'année.
Une fois sur place, le faux couple se rend compte que la mère d'Art ne va pas bien. Son comportement est erratique, et elle semble confuse. Art appelle sa tante Iris au secours, bien que les deux femmes ne se soient pas parlé depuis trente ans. Un drôle de week-end commence alors : le souvenir d'autres fêtes de Noël surgit, la mémoire de l'enfance commune aussi, puis la brouille autour des choix idéologiques des deux soeurs refait surface. Car Sophia est une femme d'affaires à la retraite, alors que sa soeur Iris a consacré sa vie au militantisme politique et n'a renié aucune de ses convictions.
L'hiver, pour Ali Smith, est la saison des ruptures, des convictions qui nous séparent, avant d'être celle des retrouvailles. Son regard sur les faux-semblants de nos sociétés à l'ère de la post-vérité est impitoyable, tendre et drôle à la fois, portée par une langue d'une grande poésie.
En 1895, Oscar Wilde fut condamné à deux ans de travaux forcés pour « actes grossièrement immoraux » accomplis avec une personne de son sexe. Il purgea sa peine principalement dans la prison de Reading. C'est là qu'en juillet 1896 fut pendu le cavalier Charles Thomas Wooldridge, condamné pour le meurtre de sa jeune femme. Wilde évoque dans ce recueil l'exécution qui attend le cavalier : « Cet homme avait tué la chose qu'il aimait / Et donc il lui fallait mourir ». Il raconte également l'expérience de la prison et les douleurs de l'enfermement. Dans cette édition bilingue, la traduction de Bernard Pautrat met en lumière un poète qui rompt avec toute préciosité et retrouve les accents de Villon pour dénoncer les conditions faites aux prisonniers.
La métamorphose, tout vivant y passe. C'est l'expérience élémentaire et originaire de la vie, celle qui définit ses forces et ses limites. Depuis Darwin, nous savons que toute forme de vie - l'être humain compris - n'est que la métamorphose d'une autre, bien souvent disparue. De notre naissance à notre alimentation, nous en faisons tous l'expérience. Dans l'acte métamorphique, changement de soi et changement du monde coïncident. Affirmer que toute vie est un fait métamorphique signifie qu'elle traverse les identités et les mondes sans jamais les subir passivement. Cet essai novateur jette les bases d'une philosophie de la métamorphose.
Survivre à l'effondrement...
Novembre 2022. Un cyclone d'ampleur inédite ravage la côte ouest des États-Unis. Les compagnies d'assurances font faillite, la finance américaine s'effondre, entraînant dans sa chute le système mondial. Plus d'argent disponible, plus de sources d'énergie, des catastrophes climatiques en chaîne, plus de communications.... En quelques mois, le monde tel que nous le connaissons est englouti.
Huit ans plus tard, les rescapés tentent de survivre dans une société condamnée à réinventer ses propres logiques, parfois au prix de la barbarie. Deux femmes, à la veillée, racontent cette épopée de l'humanité. Saura-t-on inventer, au coeur du désastre, d'autres façons de vivre ensemble et d'habiter le monde ?
Un roman visionnaire et inspirant, autour de questions environnementales devenues incontournables.
Ce voyage à pied à travers le Suffolk, région historiquement riche de la côte est de l'Angleterre, est prétexte à un ensemble de récits passionnants au pouvoir symbolique enchanteur.
Chroma est le dernier livre de Derek Jarman. «Autobiographie par la couleur» d'un homme qui perd chaque jour un peu plus la vue, jusqu'à quasiment devenir aveugle, tandis qu'il en écrit les dernières pages sur son lit d'hôpital, et qui revient sur les couleurs du langage et des livres, les seules auxquelles il a désormais accès. «C'est pour cela que je n'ai pas voulu mettre de photo», écrit-il. Mais Chroma n'en reste pas moins plein de cet humour si particulier à l'oeuvre de Jarman, qui mêle à ses souvenirs d'enfance ou ceux d'une jeunesse «héroïque» dans les quartiers «rouges» de Londres, ses lectures érudites, des remarques toujours en demi-teinte sur la peinture et une réflexion sur le jeu des couleurs de fleurs sur la lande de Dungeness, où pousse son «dernier jardin».
De Cy Twombly, Roland Barthes capte la modernité telle qu'elle revisite toute une culture classique, grecque et latine, à travers des noms et des mots écrits sur la toile, ou des thèmes évoqués avec leur part d'énigme. Dans une analyse inventive et empathique, Barthes explore l'univers de Twombly, il déploie sa propre culture pour faire résonner celle du peintre américain installé en Italie, dans un art du fragment pratiqué par l'un et l'autre. Ces deux textes n'ont pas pris une ride et continuent d'éclairer l'oeuvre de Twombly.
« L'oeuvre de Cabral est l'une des plus influentes dans la poésie moderne brésilienne. Il a profondément marqué, par son originalité, par la rigueur poétique et éthique de ses vers, les poètes brésiliens de la seconde moitié du XXe siècle. Écrivain populaire (ses vers ont été mis en musique par Chico Buarque, et Caetano Veloso se réclame volontiers de lui), il est aussi reconnu comme un immense poète par ses pairs et la critique. Nous espérons, avec ce recueil, faire découvrir aux lecteurs de langue française une oeuvre d'une grande originalité, qui émeut profondément par le regard nouveau qu'elle porte sur le monde. » Mathieu Dosse
Le réalisateur Richard Lease a connu des jours meilleurs. Il n'est plus à la mode, et ne se remet pas de la mort de sa grande amie Paddy. Elle fut sa scénariste, son soutien et sa boussole. Ivre de chagrin, il entreprend un voyage vers le nord du pays, en dialoguant avec une enfant imaginaire, faute d'être resté en contact avec sa propre fille qu'il n'a pas vue grandir. Sa route va croiser celle de Brittany, qui travaille dans un centre de détention pour immigrants. Elle aussi est partie de Londres sans réfléchir, à la poursuite de Florence, une mystérieuse jeune fille qui a secoué l'institution pour laquelle Brittany travaille. Le printemps va-t-il permettre à ces âmes perdues de retrouver leur chemin ?
Ali Smith poursuit sa réflexion poétique et politique sur notre époque en portant une attention particulière aux gens déplacés, en fuite ou rejetés. Sa fantaisie joyeuse infuse une narration pourtant centrée sur la misère cachée de nos sociétés contemporaines, et en faisant appel à Charlie Chaplin, Katherine Mansfield, Rilke ou encore Shakespeare, elle nous amène vers un printemps libérateur.
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux