L'historienne et critique d'art revisite, avec sa mémoire de témoin, les liens entre art et activisme durant les « années sida » en France et aux États-Unis. Composé de textes monographiques, d'entretiens et d'essais thématiques, cet ouvrage rédigé à la première personne rend compte d'une créativité artistique et activiste née de l'urgence de vivre et du combat pour la reconnaissance de tous·tes.
Restituer la parole des ami·e·s de lutte, articuler les « je » et « nous » d'alors et d'aujourd'hui, faire retour sur des faits et affects peu connus du public français, analyser l'« épidémie de la représentation » consécutif à l'apparition du sida : telle est l'entreprise de cet ouvrage, conçu par Elisabeth Lebovici comme un véritable « discours de la méthode » où, toujours, le personnel est politique, le public et le privé s'intriquent. Engagée aux côtés des activistes français et américains de la lutte contre le sida, observatrice privilégiée, en tant qu'historienne de l'art et journaliste, des débats et enjeux des années 1980 et 1990, l'auteure analyse ce moment charnière des liens entre art et activisme, qu'elle revisite avec sa mémoire de témoin, en survivante affectée.
Monographies, entretiens et essais thématiques composent ce volume, rédigé de manière assumée - la seule possible - à la première personne. Il propose ainsi, dans un va-et-vient constant entre les États-Unis et la France, une cosmologie élective : ACT UP, les « arbres téléphoniques », Richard Baquié, Gregg Bordowitz, Alain Buffard, Douglas Crimp, les « enterrements politiques », General Idea, Nan Goldin, Félix González-Torres, Gran Fury, L'Hiver de l'amour, Roni Horn, Eve Kosofsky Sedgwick, Zoe Leonard, Mark Morrisroe, William Ollander, le « Patchwork de noms », The Real Estate Show, Lionel Soukaz, Philippe Thomas, Georges Tony Stoll, Paul Vecchiali, David Wojnarowicz, Dana Wyse, les zaps, etc.
Illustré par de nombreuses archives et ephemera qui soulignent l'importance du graphisme dans la lutte contre le sida, Ce que le sida m'a fait est un ouvrage nécessaire pour comprendre les « années sida », cette période d'une créativité artistique et activiste née de l'urgence de vivre et du combat pour la reconnaissance de tous·tes.
Cette publication s'inscrit dans la collection Lectures Maison Rouge, dont l'ambition est de proposer des textes d'artistes qui interrogent à la fois la muséographie, l'écriture de l'exposition et le travail de certains artistes eux-mêmes, sous la direction de Patricia Falguières.
À l'invitation de Marie-Laure Bernadac, neuf artistes, de part et d'autre de l'Atlantique, portent leur regard sur l'oeuvre immense de Louise Bourgeois.
Figure transatlantique, Louise Bourgeois (1911-2010), née à Paris, passe l'essentiel de sa vie à New York, où elle s'installe dès 1938 avant d'être naturalisée américaine. Immense sculptrice et plasticienne, à la pratique polymorphe, elle sera bien plus tôt reconnue et célébrée aux Etats-Unis qu'en France.
Marie-Laure Bernadac, grande spécialiste de cette oeuvre, invite neuf artistes de part et d'autre de l'Atlantique à exprimer leur regard sur cette personnalité artistique majeure du XXe siècle. Leurs contributions manifestent à quel point Louise Bourgeois continue de fasciner les plus jeunes générations d'artistes.
d'oú vient cette obsession de l'interactif qui traverse notre époque ? après la société de consommation, après l'ère de la communication, l'art contribue-t-il aujourd'hui à l'émergence d'une société rationnelle ? nicolas bourriaud tente de renouveler notre approche de l'art contemporain en se tenant au plus près du travail des artistes, et en exposant les principes qui structurent leur pensée : une esthétique de l'interhumain, de la rencontre, de la proximité, de la résistance au formatage social.
son essai se donne pour but de produire des outils nous permettant de comprendre l'évolution de l'art actuel : on y croisera felix gonzalez-torres et louis althusser, rirkrit tiravanija ou félix guattari, et la plupart des artistes novateurs en activité.
Cette première monographie de l'artiste française installée à Los Angeles, célèbre pour son approche figurative et engagée dans laquelle le corps est le sujet central, présente une large sélection de ses oeuvres (de nombreuses peintures et dessins présentés sur des papiers différents, et quelques sculptures) ainsi qu'une douzaine vues d'exposition. Elle est accompagnée de deux textes critiques originaux écrits par Anna Katherine Brodbeck et Annabelle Teneze, ainsi que de douze citations choisies par l'artiste (Jorge Luis Borges, Alice Neel, Pierre Guyotat, Georges Bataille, Marguerite Yourcenar, Sebald, Oscar Wilde, Adonis, Agnès Martin...) qui ouvrent chacune des parties.
Une nouvelle lecture critique des principales dimensions du travail de l'artiste française basée à Los Angeles.
Sous le commissariat de Kathryn Weir, la remarquable exposition dans laquelle s'origine cette nouvelle monographie explore de multiples transformations : de soi, des autres, des identités collectives, luttes, libérations et refuges. Un dialogue puissant et inattendu s'établit avec un certain nombre d'objets de dévotion populaires, tirés de collections archéologiques ou liturgiques italiennes, évoquant le seuil ambivalent présent dans la pratique de Tabouret, portail vers de multiples temporalités et subjectivités à travers lesquelles envisager des relations alternatives entre les êtres humains, entre l'être humain et son environnement face aux crises écologiques et sociétales, mais aussi en communication avec le surnaturel.
À travers 25 oeuvres de Tabouret - les premières datent de 2008, mais l'essentiel de la dernière décennie de pratiques multiformes de l'artiste - l'exposition articule les différentes structures et fluidités présentes au sein de la subjectivité et des identités construites à travers des peintures, sculptures, vidéos et oeuvres sur papier. Subjectivités errantes et matérialisme magique constituent les grands axes thématiques de l'exposition. Progressivement, potentiel suspendu et friction métaphysique inscrits dans les oeuvres émergent à travers des associations - intérieur/extérieur, matériel/spirituel, visible/invisible.
Le langage énigmatique du rituel et de la répétition dans les univers amniotiques de Tabouret révèle des états de conscience mystérieux et entremêle identité individuelle et forces plus vastes. L'exposition explore aussi une condition double et multiple du soi, en rapport avec la fertilité et la maternité, notamment à travers la présence de deux Matres Matutae de Capoue, admirables ex-voto sculptés dans le tuf volcanique entre 500 et 200 avant JC dont la présence magique recréé un lien matériel renouvelé avec la terre. Processus d'incarnation et de transfiguration, créatures monstrueuses et inexplicables, tout est lié par une miraculeuse possibilité de transformation. Comme l'écrivait Hélène Cixous dans Le Rire de la Méduse (1975), « Je suis Chair spacieuse chantante, sur laquelle s'ente nul sait quel(le) je plus ou moins humain mais d'abord vivant puisqu'en transformation ».
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Palazzo Cavanis, Venise, d'avril à novembre 2022, dans le cadre de la 59e Biennale de Venise.
Rêvées pendant des siècles, les oeuvres créées par les intelligences artificielles sont devenues des réalités concrètes en littérature et en art, désormais exposées et lues. Comment analyser, attribuer, juger de telles oeuvres qui nous font entrer dans la vallée de l'étrangeté ? Quelles sont en retour les conséquences de telles innovations sur notre compréhension du champ artistique ? Comment la critique se doit-elle de réagir face à de telles créations, qui remettent radicalement en question l'ensemble des concepts et des valeurs esthétiques anciennes centrées sur l'humain ? Peut-on simplement les aimer et en être ému ? Voilà quelques-unes des questions de cet ouvrage, le tout premier consacré aux créations des IA et aux problèmes qu'elles posent.
Publié suite au colloque international éponyme organisé par l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle en 2021.
Si l'histoire des rapports entre Paris et New York est bien connue, celle des relations entre Paris et Dakar l'est beaucoup moins. Entre la France et le Sénégal, la circulation des objets, des artistes et des idées atteste des rapports de force qui agitèrent la scène artistique dans les années 1950 à 1970, marquées par le processus de décolonisation et la guerre froide. De l'élaboration d'un art moderne national au Sénégal, à la contestation de la politique de coopération mise en place entre les deux pays, des expositions « Picasso » ou « Soulages » organisées à Dakar dans les années 1970, à l'exposition d'art contemporain sénégalais organisée à Paris en 1974, une géopolitique des arts se mettait en place, au coeur de laquelle plasticiens et cinéastes jouèrent un rôle actif.
Transnational et transhistorique, cet ouvrage s'inscrit dans le champ d'une histoire de l'art mondialisée, et invite à décentrer les regards pour envisager l'histoire de l'art de ces années à nouveaux frais. Il permet également de repenser l'historiographie communément admise au sujet de la globalisation de l'art contemporain, en démontrant que « tout » ne commence pas dans les années 1990.
Au sommaire de Roven n° 17 : entretiens avec Mira Schor par Julie Enckell Julliard, avec Katrin Strobel par Hélène Guenin (suivi d'une carte blanche à l'artiste), avec Paul Maheke par Marcelline Delbecq, avec Éric Watier par Alex Chevalier, sur la Collection Ramo avec Irina Zucca Alessandrelli par Joana P. R. Neves ; dessins inédits d'Ulla von Brandenburg ; texte sur le dessin partagé par Laurence Schmidlin ; focus sur un dessin de Ghérasim Luca par Alexandre Leger ; portfolio de suivi d'un entretien Kamil Bouzoubaa-Grivel avec Guitemie Maldonado ; articles monographiques sur Ketty la Rocca par Catherine Macchi, sur Rokni Haerizadeh, Ramin Haerizadeh et Hesam Rahmanian par Madeleine Mathé, sur Natalia Jaime-Cortez par Camille Paulhan ; dessins de Mazarine Spinosa ; contributions artistiques de Sylvie Sauvageon, Olivier Garraud, Nicolas Aiello et Sally Bonn.
Considérer l'avant-garde et la contre-culture, lorsque règne une platitude généralisée permet d'approfondir la compréhension de phénomènes sans recourir uniquement à des discours idéologiques. Cependant compte tenu du sujet il s'avère impossible de le traiter sans prendre parti de façon passionnée. Sans prendre de risque, sans déranger l'existant, point d'avant-garde. Pour ces trois auteurs l'avant-garde est un état d'esprit, une attitude de vie.brCet ouvrage démontre qu'entre l'avant-garde et la contre-culture existent des similitudes, mais également des différences : les uns construisent en se projetant davantage dans un futur utopiste, tandis que les autres adoptent une attitude de résistance qui privilégie l'ici et le maintenant.brLectures philosophique, sociologique et parole d'artiste contribuent à dessiner une méthode. Celle-ci, en croisant ces trois points de vue, tente de répondre à une question primordiale : qu'est-ce qu'un changement dans l'expression artistique ?brMéthode qui interroge à la fois sur le milieu artistique et ses acteurs, le contenu de leurs oeuvres et les ruptures que provoque leur imaginaire.
La première étude consacrée au mouvement de l'art écologique et environnemental américain.
Comment un mouvement artistique entièrement consacré à l'écologie et apparu aux États-Unis au cours des années 1960 a-t-il pu passer pratiquement inaperçu jusqu'à aujourd'hui ? Telle est la question au coeur de cet ouvrage qui retrace les conditions d'émergence et le développement de corpus entièrement dédiés à la cause environnementale.
Entre découvertes et nécessaires mises au point définitionnelles, Bénédicte Ramade procède à des analyses plurifactorielles, révise les faux-semblants et affirme ainsi le caractère précurseur de cet Art écologique au regard de l'Anthropocène. Dans cette nouvelle perspective théorique et culturelle, le potentiel visionnaire et l'inventivité des démarches d'Agnes Denes, Joe Hanson, Helen Mayer Harrison et Newton Harrison, Patricia Johanson, Bonnie Ora Sherk, Alan Sonfist et encore Mierle Laderman Ukeles prend une envergure inédite.
Premier ouvrage à être dédié à ce mouvement, Vers un art anthropocène. L'Art écologique américain pour prototype postule une histoire singulière et un cadre théorique essentiels à la compréhension des enjeux de l'écologie dans les pratiques artistiques actuelles.
Première traduction française du premier roman de l'artiste, activiste et théoricienne féministe radicale canadienne.
Publié par les éditions Semiotext(e) en 1998 sous le titre Airless Spaces, Zones mortes est le premier roman de Shulamith Firestone. Elle écrit ces courtes nouvelles alors qu'elle s'écarte progressivement d'une carrière d'activiste féministe et se trouve dans un état de plus en plus proche de l'asphyxie. Ces histoires sont celles de personnes en proie à la pauvreté presque institutionnelle de New York, mises en danger par des allers et retours entre hôpital psychiatrique et quotidien sclérosé. Sur la quatrième de couverture de l'édition originale, on lit les mots de la poète Eileen Myles : « Le vingtième siècle, qui m'est le plus familier, n'a pas fini d'exploser en particules de plus en plus minces. La fable radicale que nous conte de l'intérieur Shulamith Firestone s'infiltre en nous comme une fine pluie abrasive. Elle nous annonce une disparition orchestrée par l'institutionnalisation de ce siècle, qui nous dépouille de tout notre être jusqu'à ce qu'il ne reste plus personne pour fermer la porte. ».
L'édition en français proposée ici, dans une traduction d'Émilie Notéris, est accompagnée d'un texte de Chris Kraus, autrice et première éditrice du livre.
« J'ai rêvé que je me trouvais sur un navire en perdition. Il s'agissait d'un luxueux paquebot à l'instar du Titanic. L'eau s'infiltrait doucement, les passagers et les passagères se savaient condamné·e·s. Allégresse et gaieté régnaient sur les deux ponts supérieurs, nous étions sur notre 31, nous mangions, buvions et rions, puisque bientôt nous ne serions plus. Une note d'hystérie planait néanmoins sur les réjouissances ; j'observais ici et là des choses étranges se dérouler comme dans un dessin de Grosz. ».
Shulamith Firestone, Zones mortes
Depuis toujours Ronan Bouroullec dessine quotidiennement. Une pratique artistique pure qu'il juge autonome du métier pour lequel il est internationalement reconnu. Mais s'il existe une porosité entre ces deux faces de son activité qui se nourrissent l'une l'autre, Ronan Bouroullec considère le dessin comme indispensable à son équilibre. L'ouvrage Fièvre accompagne l'exposition « Dessins quotidiens », l'Hôtel des Arts TPM à Toulon. Avec près de 300 oeuvres (dessins, bas-reliefs et carnets) présentées, il révèle une petite part, encore peu connue, de son talent créatif. Une part infime au regard des milliers de dessins qu'il conserve tous, mais suffisamment riche pour éclairer cette facette très intime de la personnalité de l'un des designers français les plus talentueux de sa génération.
« Il est tout à fait évident, écrivait Pierre Francastel en 1937, qu'il ne faut pas confronter Japon et japonisme » : c'est cependant ce qu'on n'a cessé de faire.
À rebours d'une approche néo-positiviste qui voit dans le japonisme le résultat d'une influence, ce livre analyse à nouveaux frais un étonnant phénomène d'innutrition, dont l'histoire matérielle est indissociable du programme conceptuel : levier épistémologique, l'art japonais fonctionna comme un génial indicateur et conforta des convictions antérieures à l'ouverture du Japon. Limiter l'étude du japonisme à la France, loin de rétrécir le sujet, l'élargit en permettant de reconstituer ses capillarités et la circulation des représentations dans un milieu osmotique, frémissant d'échos littéraires et artistiques, à une époque où la presse façonnait les représentations esthétiques et sociales. La constitution d'une « planète japonisme » a occulté les débats internes auxquels répondit la révélation des arts du Japon, qu'on ne peut dissocier de l'acclimatation du préraphaélisme en France et plus généralement du médiévalisme. Écartant les « japonaiseries » (les bibelots et les toiles orientalistes), inversant la logique de l'influence, rendant un rôle moteur aux prétendus influencés, ces pages accompagnées d'une iconographie nouvelle se concentrent sur le japonisme comme « révolution de l'optique », suivant l'heureuse expression de Jules de Goncourt reprise par son frère Edmond, souvent citée mais mal exploitée. D'Ingres à l'Art nouveau dont le japonisme, contrairement aux idées reçues, n'est pas la conclusion mais en partie l'antidote, elles restituent, dans leur cadre discursif, les phases de son évolution au miroir d'une Grèce en plein bouleversement, en associant largement les écrivains et les critiques d'art, ces acteurs essentiels, grands oubliés d'une histoire qui a sous-estimé les réseaux de sociabilité de la culture d'accueil. Si le japonisme devint un phénomène international, c'est bien parce qu'il fut, d'abord, un art français quand Paris, capitale du XIXe siècle, aimantait les imaginations.
Aux États-Unis, à la fin des années 1970, des artistes comme Dara Birnbaum, Jack Goldstein, Barbara Kruger, Louise Lawler, Sherrie Levine, Robert Longo, Richard Prince ou Cindy Sherman se mettent à reproduire des images de la publicité et du cinéma. On les nomme Pictures Generation, en référence à l'exposition Pictures et à l'essai éponyme de Douglas Crimp. Le critique affirme alors que la démarche de ces artistes, basée sur la copie, met fin à la course à l'originalité qui guidait l'art jusqu'alors. La Pictures Generation est ainsi érigée en alternative à l'expressivité bien qu'elle copie des images faites pour affecter, fasciner ou susciter le désir.
À cette période, les images des médias de masse passionnent la société : la publicité est critiquée pour sa tendance à la manipulation psychologique ; les théories féministes décortiquent les représentations des femmes dans le cinéma hollywoodien ; la contre-culture détourne les normes et les stéréotypes. Entre questions réflexives sur la pratique de l'art et préoccupations sociales de l'époque, la Pictures Generation s'invente une attitude pour manipuler les passions.
La dimension temporelle de l'image.
Nous avons l'habitude de voir les images d'abord comme des représentations spatiales, des découpes dans l'espace. Et pourtant l'image est autant temps qu'espace. Si elle travaille le temps, en le fixant ou en le mettant en mouvement, le temps travaille aussi l'image, en la transformant, voire en la faisant disparaître. Et ce temps n'est pas unique, il est multiple et entrelacé. Certes l'histoire s'inscrit dans les images, mais celles-ci s'inscrivent aussi toujours dans l'histoire. De même, au temps qu'il faut pour prendre une image répond le temps nécessaire pour la percevoir. Le temps de réception est toujours traversé par le temps collectif des communautés humaines, et donc par le temps du politique.
Les différentes dimensions du temps de l'image sont explorées à partir de treize cas concrets dont l'expérience de la durée éprouvée par Dieter Applet, la diapositive comme cinéma primitif chez les artistes contemporains, la reconstitution de l'histoire des objets spoliés par les Allemands, le réemploi des Archives de la Planète d'Albert Kahn par Chris Marker.
Les bas-relief en céramique de Ronan Bouroullec.
Ouvrage de référence et leçon de méthode, cette étude du modernisme depuis Picasso et Matisse jusqu'aux peintres abstraits a permis de renouveler la pensée picturale contemporaine en redéfinissant ses modèles théoriques. Un travail d'une grande importance pour l'historiographie de l'art, traduit pour la première fois en français.
Publié aux États-Unis en 1990, La Peinture comme modèle est vite devenu une référence pour tous ceux qui veulent comprendre l'histoire du modernisme. Qu'il s'agisse des « totems de la modernité » (Picasso et Matisse) ou des maîtres de l'abstraction (Mondrian et le mouvement De Stijl, Strzeminski et Kobro, Newman, Ryman), la force plus que jamais actuelle de ces pages, nourries par une connaissance intime des oeuvres et de la littérature qui leur est associée, est de proposer une approche formelle sans en passer par la doxa formaliste. À ce titre, nombre d'analyses publiées dans ce volume sont de véritables leçons de méthode pour les historiens de l'art et des outils indispensables à la compréhension de leur discipline. La pensée picturale s'y révèle un opérateur théorique, producteur de modèles.
Disponible pour la première fois en français, ce livre est donc aussi une ré?exion en acte, une réponse à deux questions essentielles et conjointes : qu'est-ce que regarder ? comment écrire l'histoire ?
Tout ce qu'on tait on sait fait état de recherches sur les mécanismes d'invisibilisation des précarités et des savoirs militants. Il enquête sur ce que révèlent nos silences et non-dits. En donnant la parole à plusieurs chercheuses, militantes et collectives, l'objectif de ce volume est de donner à entendre des paroles tues, des histoires oubliées, des luttes invisibles et ainsi de proposer des alternatives par la construction de récits communs.
Publié à l'occasion de la première rétrospective en France de Jeremy Deller, lauréat du prestigieux Turner Prize en 2004 et représentant de son pays à la Biennale internationale d'art contemporain de Venise en 2013, Art is Magic dresse le panorama le plus complet de son travail des années 1990 à ce jour, à partir d'une quinzaine de projets et d'oeuvres majeures qui ont ponctué son parcours.
Jeremy Deller s'intéresse aux cultures populaires et aux contre-cultures. Les questions sociales, l'histoire, mais aussi la musique, sont au centre des investigations de l'artiste. Teintées d'un discours socio-politique assumé, ses oeuvres font un lien entre la culture - vernaculaire ou de masse - et le monde du travail. Ses recherches l'ont mené à explorer l'histoire sociale de son pays et du monde à travers les conflits sociaux de l'ère thatchérienne, le groupe Depeche Mode, le monde du catch, les ferments du Brexit, ou encore l'Acid house et le mouvement rave, avec le souci constant d'impliquer d'autres personnes dans le processus créatif.
Art is Magic constitue une tentative de relier les oeuvres clés de la carrière de Jeremy Deller avec l'art, la musique pop, le cinéma, la politique et l'histoire qui ont inspiré son travail. Deller a fait couler beaucoup d'encre au fil des décennies, mais c'est la première fois qu'il rassemble toutes ses sources culturelles. L'ouvrage est divisé en trois sections : un guide visuel de ses oeuvres préférées, des réflexions approfondies sur sa vie et sa pratique artistique et, enfin, un album d'images expliquant ce qui le motive (de Rod Stewart aux chauves-souris, du juke-box parfait aux têtes de hache néolithiques). Le livre présente des oeuvres qui ont jalonné la vie et la carrière de Deller, la plupart inédites. S'y entrecroisent ainsi son installation gonflable pour le festival international de Glasgow, la grève des mineurs (son film sur la bataille d'Orgreave), les chauves-souris (sujet d'au moins trois des oeuvres de Deller), Andy Warhol (qu'il a rencontré en 1986), les liens entre la révolution industrielle et le heavy metal, et les busards cendrés picorant les yeux d'un député conservateur (figurant dans sa fresque contre la chasse au gibier créée pour la Biennale de Venise).
Publié à l'occasion de l'exposition Jeremy Deller : Art is Magic au Frac Bretagne, au Musée des beaux-arts et à La Criée, centre d'art contemporain, Rennes, en 2023.
Quarante années de théories féministes anglo-américaines en histoire de l'art, des écrits de Lucy Lippard aux problématiques spécifiques aux artistes afro-américaines, aux développements postféministes et aux questions queer, en passant par les approches marxistes de la production artistique.
Un récit captivant qui explore les coulisses de la scène artistique internationale, au fil d'enquêtes auprès de figures telles que Ai Weiwei, Jeff Koons, Yayoi Kusama, Cindy Sherman, Andrea Fraser, Laurie Simmons, Carroll Dunham, etc., pour réhumaniser et démystifier l'art contemporain.
Pour 33 artistes en 3 actes, Sarah Thornton a rencontré 130 artistes entre 2009 et 2013. Cet ouvrage nous offre un éventail éblouissant d'artistes : des superstars internationales jusqu'aux professeurs d'art moins connus.
On assiste, par exemple, à la rencontre de l'auteure avec Ai Weiwei avant et après son emprisonnement ; avec Jeff Koons alors qu'il séduit de nouveaux clients à Londres, Francfort ou Abu Dhabi ; avec Yayoi Kusama dans son studio au coin de l'asile de Tokyo qu'elle habite depuis 1973 ; avec Cindy Sherman, chez qui elle fouille dans les placards, ou encore aux moments partagés avec Laurie Simmons, Carroll Dunham et leurs filles Lena et Grace.
Témoin privilégié de leurs crises et de leurs triomphes, Sarah Thornton porte un regard analytique et ironique sur les différentes réponses à cette question centrale : « Qu'est-ce qu'un artiste ? ».
L'ouvrage est divisé en trois domaines : politique, parenté et artisanat, constituant une enquête sur le psychisme, la personnalité, la politique et les réseaux sociaux des artistes.
À travers ces scènes intimes, Sarah Thornton examine le rôle que les artistes occupent en tant que figures essentielles dans notre culture.
Une typologie de l'effacement comme geste artistique au cours du XXe siècle.
Effacer, dans le domaine artistique, est synonyme de correction ou de modification. Appelée communément « repentir », cette intervention exprime la maladresse voire la faute et qualifie l'oeuvre dans ce qu'elle a de faible et d'inadéquate. Dans le domaine de la politique ou de la publicité marchande, la pratique de l'effacement est indéniablement liée au mensonge et à la dissimulation. L'histoire, depuis des décennies, a présenté maints exemples de ces frauduleuses interventions qui ont pour but de corriger son cours. Transformer cette action, si fondamentalement négative, en une pratique susceptible de déboucher sur des ouvertures nouvelles, voilà ce à quoi, au cours du XXe siècle et aujourd'hui encore, les artistes ont abouti. En pratiquant l'effacement, c'est-à-dire en travaillant à rebours, ils ont su enrichir exemplairement la création artistique. Le geste historique de Robert Rauschenberg effaçant, en 1953, un dessin de Willem De Kooning, les propositions exemplaires de Marcel Broodthaers, Claudio Parmiggiani, Roman Opalka, Gerhard Richter croisent, celles plus récentes d'Hiroshi Sugimoto, d'Ann Hamilton, de Jochen Gerz, de Felix Gonzalez-Torres mais aussi celles des artistes de la génération actuelle comme Zhang Huan ou Estefanía Peñafiel Loaiza... Autant d'exemples qui invitent à reconsidérer ce geste paradoxal et à l'appréhender dorénavant comme une pratique véritablement artistique.
Première traduction française de l'autobiographie-manifeste de Judy Chicago, artiste américaine iconique et pionnière du mouvement féministe en art aux États-Unis, parue en 1975.
Through the Flower a été mon premier livre (depuis, j'en ai publié neuf autres). J'ai été encouragée à l'écrire par l'auteure et diariste Anaïs Nin, qui a été mon mentor au début des années 1970. Lorsque j'ai écrit cette autobiographie, je l'ai pensée comme un genre de guide d'introduction pour les jeunes femmes artistes, susceptible de les aider dans leur développement. En retraçant mon propre combat, j'espérais leur épargner l'inexorable tourment de « réinventer l'eau chaude », car mes études sur l'histoire des femmes m'ont appris que c'est ce que font les femmes, toujours et encore, en particulier car nous n'avons pas accès aux expériences et aux avancées de nos prédécesseurs féminines - une conséquence du fait que nous continuons d'apprendre l'histoire de l'art et l'histoire tout court, sous un angle de vision masculin, intégrant trop peu les réussites de personnalités féminines.
Je dois reconnaître que lorsque je relis Through the Flower, je tressaille devant tant d'honnêteté sans fard ; mais en même temps, je suis heureuse que mon jeune « moi » ait eu le courage de parler avec une telle franchise de ma vie et de mon travail. Je doute être capable, aujourd'hui, de réanimer la candeur qui imprègne ce livre et reflète une confiance absolue dans l'accueil que le monde réserverait à des révélations si dénuées de conscience de soi. Et pourtant, c'est précisément cela qui donne son atmosphère particulière au livre, l'atmosphère des années 1970, où nous étions si nombreuses et nombreux à croire que nous pourrions changer le monde, dans le bon sens, un objectif qui a été - comme a dit l'une de mes amies - « violenté par la réalité ». Cependant, un espoir exagérément idéaliste d'améliorer le monde vaut mieux que l'acceptation cynique du statu quo. Au moins, avons-nous essayé - et je continue d'essayer. Peutêtre suis-je de toute façon trop vieille, désormais, pour changer.
Judy Chicago
Réédition de l'essai de référence sur l'art exposé, en tant que transformation profonde de la pratique artistique, nouveau mode de lecture des oeuvres et condition de leur actualisation.
L'art exposé n'a pas seulement pris une place dans l'histoire de l'art, il marque insensiblement une transformation profonde de la pratique artistique. Il importait de mettre en évidence comment, en se saisissant de la circonstance de l'exposition, des artistes comme Yves Klein, Daniel Buren ou Lawrence Weiner avaient transformé la manière dont les oeuvres ont lieu. L'art exposé est aussi un art pour le public et les artistes formulent pour lui, dans leurs « récits autorisés », leurs figures d'artiste, le contrat iconographique qui propose un mode de lecture des oeuvres et les conditions de leur actualisation. L'auteur en examine le fonctionnement et propose par là un mode d'accès à une iconologie de l'art contemporain.