Oute fleur s'apprivoise. C'est en partant de la ville il y a quelques années pour la campagne que j'ai découvert cette extraordinaire fleur comestible. Je l'ai cueillie furieusement la première année, je l'ai rêvée dans mes bouquets sans savoir seulement qu'elle n'y tiendrait pas. La fleur de sureau est délicate et sa floraison fugace. Elle fait partie de ces instantanés de la nature, ces fleurs, plantes ou fruits qui surgissent à des moments bien précis. À présent, je les guette et les attends chaque année avec impatience. Leur saison est si éphémère qu'il ne faut pas la manquer. Elle a lieu entre mi-mai et mi-juin selon les régions et la météo. Une fois qu'on les connaît et qu'on les reconnaît, on ne voit plus qu'elles. Depuis le train à travers nos campagnes, lors d'une balade, même dans nos jardins publics, il suffit d'y prêter attention.
Le vivant a-t-il une valeur en soi ? La nature est-elle libre ? Qu'est-ce que la crise écologique ? Qu'est-ce que la «nature humaine» ?
Depuis un demi-siècle environ, les humanités écologiques recomposent les relations entre nature et culture, homme et animal, éthique et biologie, connaissance et imagination. Sur ces grands enjeux politiques et moraux de notre époque, qui mobilisent les jeunes générations, ce manuel assemble des textes clefs, des autrices et des auteurs, des questions structurantes - mais présente aussi des lignes de faille et de débat.
Ce manuel repose sur une conviction simple : l'écologie n'est pas une nouvelle thématique qui s'ajoute aux autres - mais elle affecte l'intégralité des notions philosophiques et des enjeux de notre temps.
Originaire du Bassin Méditerranéen et apprécié depuis l'Antiquité, l'origan, origanum vulgare, cousin de la marjolaine avec qui il partage de nombreuses caractéristiques et avec qui il est souvent confondu, est particulièrement utilisé dans la cuisine italienne mais aussi, provençale, grecque, portugaise, marocaine, mexicaine et pilier de la cuisine levantine avec le zaatar, dont il est indissociable. Son arôme puissant épicé et balsamique, presque camphré, s'intensifie avec le séchage. À l'état frais, il s'enrichit d'agréables notes herbacées plus délicates. Une odeur si familière à la cuisine italienne qui nous fait plonger directement dans la sauce tomate.
En 2012, le marchand d'art Yvon Lambert fait la donation à l'État français d'un ensemble unique de près de 600 oeuvres de sa collection personnelle, constituée principalement d'oeuvres acquises auprès des artistes qu'il exposait dans ses galeries de Vence, de Saint-Germain-des-prés puis de New York. Au-delà d'une «belle collection», dont l'intérêt historique majeur légitimait que le Centre national des arts plastiques en accepte la donation, c'est une collection des plus originales et intimes qui s'offre à la vue de tous, une «succession d'émotions» acquise durant près de soixante-dix ans par un homme passionné et audacieux, à l'écoute des soubresauts de l'histoire de son temps. La Donation Yvon Lambert reflète cette clairvoyance du galeriste qui introduisit auprès d'un public français plusieurs générations d'artistes qui seraient certainement restés méconnus dans l'Hexagone sans son intervention. C'est pourquoi elle constitue un enrichissement exceptionnel pour les collections publiques françaises tant en quantité qu'en qualité. La volonté du collectionneur de partager «sa seule fortune» s'incarne également par l'ouverture au public en 2000 d'un lieu dédié dans sa Provence natale, à Avignon, et la mise en oeuvre d'une proposition culturelle singulière dont la fonction sociale est clairement revendiquée.
L'ouvrage, coédité par le Centre national des arts plastiques (Cnap), la Collection Lambert et les Éditions Dilecta, donne à voir un choix d'oeuvres emblématiques de la donation et à comprendre les évolutions, depuis les années 1960 jusqu'à nos jours, du monde de l'art occidental, comme le soulignent les contributions inédites des historiens de l'art invités à porter leur regard sur cet ensemble exceptionnel.
De février à septembre, de l'hiver à l'automne, le cycle d'exposition "Avant l'orage", présentée par la Collection Pinault, invite à un cheminement, de l'ombre à la lumière, à travers des installations et des oeuvres emblématiques pour certaines, inédites pour d'autres, d'une quinzaine d'artistes, qui s'emparent de tous les espaces de la Bourse de Commerce. Sur fond de déréglement climatique, dans l'urgence du présent, avant que l'orage à nouveau n'éclate, les artistes de l'exposition inventent des écosystème instables figurant d'inédites saisons.
Dix recettes pour préparer cette plante sauvage qu'est l'ail des ours : pickles de boutons de fleurs d'ail des ours, salade de fraises à l'ail des ours, pesto d'ail des ours, flan végétarien d'ail des ours, mousses au chocolat aux fleurs d'ail des ours, entre autres.
Oiseaux est une volière réunissant près de 200 dessins réalisés par Jochen Gerner entre février 2019 et septembre 2020. Chacun de ces oiseaux a été dessiné au feutre à encre de Chine pigmentée sur des cahiers d'écoliers petit format, originaires de Chine et d'Inde, sur lesquels apparaissent des lignes et carreaux de différentes tailles.
Cette série de dessins constitue une expérimentation graphique visant à explorer les potentialités de la trame, la superposition des traits, et l'association d'un nombre réduit de couleurs dans la création des plumages. En mêlant oiseaux rêvés et réels, cet inventaire interroge les liens entre imaginaire et réalité dans notre vie quotidienne, et nous enseigne que le fantastique se niche le plus souvent dans la réalité du quotidien.
Dans le cadre de cette recherche graphique, Jochen Gerner s'est inspiré du travail de certains illustrateurs du XVIIIe siècle comme celui de François-Nicolas Martinet, qui avait pour habitude de représenter les oiseaux de profil, leur afférant ainsi un caractère noble et raide, contrastant avec la force et l'aspect lumineux des couleurs
Il y a tellement longtemps que le cacaoyer est apparu sur Terre que plus personne ne s'en souvient. C'était bien avant que les premiers hommes arrivent, probablement en Haute-Amazonie, en pleine forêt tropicale chaude et humide ! Difficile de dire quand et comment les hommes eurent l'idée d'utiliser les graines de la cabosse dans leurs préparations. Au fil du temps, les chocolats ont pris des formes et des compositions différentes mais j'ai décidé dans ce nouvel ouvrage, j'ai souhaité me concentrer sur le chocolat noir. Pourquoi ? D'abord, c'est celui que je préfère ! et je ne suis pas la seule, car, il est bien le chocolat préféré des français. Ces dernières années, les amateurs plébiscitent des tablettes de moins en moins sucrées, donc à teneurs en cacao de plus en plus fortes...
Entre les souvenirs de choux de Bruxelles trop cuits et insipides de la cantine et les ballonnements et flatulences nauséabondes qu'on lui prête, le chou de Bruxelles ne fait pas l'unanimité. Et pourtant, ce petit chou qui se décline en de nombreuses variétés aux noms aussi gracieux que Demi Nain, Nain de Lyon, Lancelot, Roi Arthur, Dur de Gélis ou Précoces de Fontenay se prête à de multiples recettes. Rôti, braisé, à la vapeur ou encore cru, nombreuses sont les recettes qui permettent de l'accommoder savoureusement. Quelques règles d'usage peuvent le rendre tout à fait digeste et faire disparaître ses effets secondaires incommodants. En dix recettes, ce livre fera aimer le chou et le débarrassera de sa mauvaise réputation
Le destin de Cornelia Hesse-Honegger : une artiste témoignant des blessures invisibles des insectes irradiés « Je regarde cette photo de Cornelia Hesse-Honegger dans son appartement de Zurich et j'essaie d'imaginer ce qu'elle voit au microscope. Sous la lentille, se trouve un tout petit insecte vert et doré, une de ces punaises des plantes du sous-ordre hétéroptère qu'elle peint depuis plus de trente ans. Le microscope binoculaire les grossit quatre-vingts fois. L'échelle millimétrée qui se trouve sur l'oculaire gauche lui permet de reproduire le moindre détail du corps observé avec une précision minutieuse.
Cornelia a ramassé ce spécimen non loin de la centrale nucléaire de Gundremmingen, dans le sud de l'Allemagne.
Comme la plupart des insectes qu'elle peint, il est déformé.
Ici, c'est l'abdomen dont la forme est irrégulière, légèrement plissé sur son flanc droit. Même pour moi, cette difformité apparaît nettement au microscope. Mais imagine un instant, me dit-elle, l'effet que doit faire une telle altération quand on ne fait qu'un demi-centimètre de long ! »
C'est sur les sentiers côtiers de Bretagne et de Charente, que j'ai découvert une graine dont le goût est resté ancré dans mon coeur. Cette graine, c'est le sarrasin. Petite et anguleuse, telle une minuscule pierre noire taillée, elle me fascine depuis plusieurs années.
Le sarrasin, une fois apprivoisé, permet de réaliser des merveilles à la fois rustiques et réconfortantes, aux parfums subtils de noisette et de caramel, avec une touche boisée et une pointe d'amertume. La graine provient d'une plante herbacée dont la tige rouge porte des fleurs blanches, presque rosées. Également connue sous le nom de "blé noir", celle-ci n'a pourtant rien à voir avec le blé, puisqu'elle appartient à la famille des polygonacées et non des graminées.
Adoptez la roquette, cette cousine du chou, amie de la moutarde et voisine du cresson.
Et si la cueillette de la roquette vous ennuie, si le jardinage vous rebute, attendez le jour du marché, fouillez les étals et cherchez-la en bottes ou en vrac.
Découvrez ainsi la richesse de la roquette et de ses saveurs !
Avec ce livre vous saurez faire de quelques bouquets de roquette un pur moment de gastronomie !
Les dix recettes.
- Soupe de pois chiche et roquette.
- Soupe froide.
- Salade parmigiana.
- Bruschettes.
- Pesto de roquette.
- Spaghettis à la roquette.
- Risotto vert.
- Ravioles, roquette et ricotta.
- Tartines de rougets sur lit de roquette.
- Epaule d'agneau farcie à la roquette.
Il est robuste, il est résistant et il a la tête bien sur les épaules.
On dit que les garçons naissent dans les choux. Je n'étais qu'un garçon manqué mais le chou blanc n'était jamais très loin de là où je passais à table. Il se mariait aux viandes grasses dans des soupes riches pour me faire passer de longs hivers. Il se laissait couper, râper et hacher fin pour rentrer dans des salades estivales.
Et il fermentait dans un tonneau de tilleul, dans l'obscurité d'une vieille remise. Là il devenait soudain vivant, montrait sa force, remontait le poids du couvercle, puait, crachait même et finalement offrait généreusement son jus acidulé et sucré. Partie de Russie, je le retrouvais au détour de tous mes chemins. Il devenait coleslaw en Amérique, pkhali en Géorgie, choucroute en Alsace et garbure en Gascogne. Mais je le reconnaissais toujours, mon gros chou.
« Disons-le : le citron est une passion qui ne connaît pas de limites ni de saisons. Cet agrume incontournable se récolte, selon les variétés, toute l'année pour le plus grand plaisir des gourmands. Certains aliments nous charment par leur parfum, d'autres par leur goût ou simplement par leur allure ou leur histoire. Moi, j'ai toujours été fascinée par le citron.
J'aime d'abord sa couleur, un jaune pur et vif, qui rappelle la lumière du soleil et les étoiles, une couleur chaude comme chaude est son énergie. J'aime découvrir sa douceur cachée sous une acidité pimpante, son parfum intense et sans équivoque qui arrive toujours avant le gout dynamique et rafraîchissant. »
La série « Untitled (Maps/Species, 2018-2022) d'Anri Sala est constituée de diptyques qui font dialoguer, à l'intérieur des vingt-quatre vitrines du Passage de la Bourse de Commerce, une gravure zoologique du XVIIIe siècle avec un dessin réalisé à l'encre et au pastel par l'artiste. Ce cycle fait écho à l'immense toile marouflée qui épouse l'épaule de la Rotonde. Sous forme d'un leporello à déplier recto-verso, ce livre rend compte de ce projet dans le contexte de sa présentation.
Croît de la pollution, raréfaction des ressources, dérèglements météorologiques, réchauffement climatique - Le désordre écologique est en route, lourd de menaces pour la survie des espèces, dont la nôtre.
Bien des créateurs, conscients de l'urgence d'une réplique « verte », s'engagent et instituent de nouvelles normes d'expression, d'essence écologique. Pour changer les mentalités, pour réparer, pour refonder l'alliance avec la Terre, jusqu'à nouvel ordre notre unique zone d'habitat possible. Car l'anthropocène est là, cette ère de la vie de notre planète où les effets de l'activité humaine affectent celle-ci, en surface et dans l'atmosphère, plus que l'action tellurique. Ce qu'il faut, c'est agir, s'investir, susciter une symbolique du combat et de l'éthique.
Adaptées aux exigences du développement durable, les oeuvres plasticiennes éprises d'écologie adoptent des formes inusitées : travail dans et avec la nature, développement de laboratoires, pratique du recyclage et des interventions éphémères, création collaborative et poétique de la responsabilité...
L'annonce d'un âge nouveau de l'art.
Nouveau musée parmi le réseau de lieux et d'initiatives développés depuis 2006 par François Pinault, la Bourse de Commerce - Pinault Collection propose un point de vue sur les oeuvres contemporaines que le collectionneur rassemble depuis plus de cinquante ans, à travers un programme d'expositions et d'événements. Le regard du collectionneur La collection, un ensemble exceptionnel de plus de 10?000 oeuvres de près de 350 artistes, est constituée de peintures, de sculptures, de vidéos, de photographies, d'oeuvres sonores, d'installations et de performances. Les artistes dont François Pinault collectionne les oeuvres sont issus de tous les pays et représentent toutes les générations. Ils explorent tous les territoires de la création et témoignent de l'attention toute particulière portée par le collectionneur aux courant émergents. Cet ensemble, dédié à l'art des années 1960 à nos jours, offre un regard sur l'art de notre temps, le regard d'un passionné, un regard subjectif, qui contribue à saisir notre époque. Un parcours sans cesse renouvelé, une collection en mouvement La collection est présentée à travers un programme dynamique d'accrochages temporaires régulièrement renouvelés?: expositions thématiques à partir des oeuvres de la collection, expositions consacrées à des artistes présents dans la collection, mais aussi cartes blanches, projets spécifiques et commandes. La Bourse de Commerce - Pinault Collection offre dix espaces d'exposition dont le Studio, consacré aux oeuvres sonores, vidéo, et aux formes plus libres, des espaces de médiation, mais aussi un auditorium accueillant conférences, rencontres, projections, concerts et événements. Ouverte à tous les publics et à toutes les disciplines artistiques, aux oeuvres qui font déjà l'histoire de l'art contemporain comme aux artistes les plus émergents, la Bourse de Commerce - Pinault Collection accueille les connaisseurs comme les découvreurs et les curieux. Elle leur propose de s'ouvrir à l'art et à l'histoire de l'art contemporain, quel que soit leur niveau de relation à la création ou leur expérience, quelles que soient leur expertise et leur compréhension des oeuvres. Cycle «?Une seconde d'éternité?» La mise en lumière des affinités créatives, d'hommage ou d'influence plus ou moins explicité, est au coeur du projet de la Collection Pinault. Ces relations souvent confidentielles sont des clés structurelles décisives pour comprendre le travail des artistes L'exposition inaugurale «?Ouverture?» avait déjà souligné ces affinités spirituelles et artistiques en exposant Peter Doig et son ancien étudiant Florian Krewer, Lili Reynaud Dewar et l'une de ses inspiratrices Martha Wilson, Luc Tuymans et Kerry James Marshall, ou encore le portrait en cire de Rudolf Stingel réalisé par Urs Fischer.
C'est au Moyen-Âge que l'on commence à utiliser la violette en cuisine. Elle était jusque-là connue pour ses vertus médicinales (les Grecs en faisaient des infusions contre les maux de tête). Ces deux usages iront ensuite toujours de pair. Au XIVe siècle, on trouve des recettes attestant de l'utilisation des feuilles dans des mets salés, et des fleurs pilées avec des amandes ou du lait. La mode des fleurs comestibles la met à la carte des restaurants gastronomiques : couronnement d'une "carrière" culinaire entamée quelque siècles plus tôt.
Recettes :
Soupe de rollmops, quenelle de vitelottes aux violettes Terrine de foies de volailles aux pruneaux et à la violette Feuilleté de boudin blanc à la violette Asperges Proust Civet de lapin aux violettes Compotée tiède de pèches de vigne, figues, et vin de violette Aspic de fruits noirs aux bonbons à la violette Simnel cake (gâteau irlandais à la violette) Crêpes à la limonade de violette Mousse au chocolat express à la violette
Cet ensemble de 50 dessins a été réalisé entre août 2019 et juin 2020. Réinterprétations graphiques frôlant l'abstraction, ces dessins à l'encre de Chine noire prennent pour support de recouvrement deux chapelets de cartes postales touristiques du massif vosgien (les Hautes-Vosges et le Hohneck, circa 1920) et un ensemble de photographies de la Cordillère des Andes et des Alpes, issu de récits d'expéditions en montagne (circa 1950).
Alt. pourra être lu comme l'abréviation du mot "altitude" ou comme une référence à la touche "alt" , la touche alternative des claviers d'ordinateur. Jochen Gerner
L'ouvrage publié par les éditions Dilecta se concentrera donc sur ses séries récentes de peintures et se déploira autour de trois corpus d'oeuvres: les Vision Paintings, les Recovery Works et les California Love Songs; associés à des citations de l'artiste et à la reproduction d'un de ses carnets. Chaque série de tableaux sera accompagnée de son propre texte dont les paroles d'une chanson de Nick Cave, spécialement composée pour Thomas Houseago et un texte de Flea, membre des Red Hot Chili Peppers.
Qui connaît Tadao Ando ? Sait-on qu'il a commencé à construire à l'âge de quatorze ans ? Pour agrandir un peu la maison de sa grand-mère, une petite commerçante du centre ville d'Osaka. Qu'il a fait le voyage jusqu'en France au début des années soixante, d'abord par bateau puis par le transsibérien pour rendre visite à Le Corbusier, sur lequel il avait trouvé chez les bouquinistes un livre qui le fascinait. Quand il arrive, Le Corbusier vient de mourir. Il visite ses constructions, Ando est fasciné. Le béton et tout ce qui en découle ne le quitteront plus.
Quelle que soit la période du béton - au sens physique du terme - il est devenu un élément de construction incontournable. Il est laid, le plus souvent, et il vieillit mal, le plus souvent. Mais les bâtiments d'Ando sont vraiment radieux. Inondés par la lumière, ils créent des sensations nouvelles d'espaces, comme toute architecture novatrice. Et leur béton a quelque chose de particulier.
En 1990, Felix Gonzalez-Torres découvre l'exposition personnelle de Roni Horn au MOCA (Los Angeles), et plus particulièrement Gold Field (1982), une oeuvre aujourd'hui mythique?: un tapis rectangulaire, posé au sol, réalisé avec des feuilles d'or. Profondément marqué par la simplicité, la force et la beauté de cette oeuvre, Felix Gonzalez-Torres rencontre finalement Roni Horn en 1993 et partage avec elle l'impact bouleversant que son oeuvre a produit sur lui. Quelques jours après cette rencontre, elle lui envoie un carré d'or comme signe d'amitié naissante. En réponse, Felix Gonzalez-Torres réalise Untitled (Placebo-Landscape-for Roni) (1993), un déversement de bonbons emballés dans du cellophane doré qui sont pour lui «?un nouveau paysage, un horizon possible, un lieu de repos et de beauté absolue.?» À son tour, Roni Horn répond avec Gold Mats, Paired - for Ross and Felix (1994-1995), deux feuilles d'or placées l'une au-dessus de l'autre. Leur amitié est scellée. Dans la continuité de cet échange créatif, nourri pendant plusieurs années et brutalement suspendu avec la mort de Felix Gonzalez-Torres, l'exposition de la Bourse de Commerce est rendue possible grâce à l'implication et à la complicité exceptionnelles de Roni Horn. Entre installations, photographies et sculptures, le dialogue des deux artistes se perpétue à travers une série d'oeuvres à la beauté fragile et à l'extrême puissance émotionnelle, tout en miroir et en lumière, avec la conviction que «?l'acte de regarder chacun de ces objets est transfiguré par le genre, la race, la classe social et la sexualité?» (Felix Gonzalez-Torres). Au coeur de leur travail, et dans cette exposition en particulier, il s'agit donc de saisir le caractère «intermédiaire» de l'existence, la dimension d'entre-deux, prise dans cette tension entre présence fragile et irréductible disparition. Le dialogue entre les oeuvres de Roni Horn et de Felix Gonzalez-Torres s'ancre dans le balancement entre ces deux polarités, entre vie et mort, entre le public et le privé, le personnel et le social, «entre la peur de la perte et la joie d'aimer, de croître, de changer, de devenir toujours plus...» (Felix Gonzalez-Torres interviewé par Tim Rollins, in Felix Gonzalez-Torres, New York, A.R.T. Press, 1993).