Comme un écrivain qui pense que « toute audace véritable vient de l'intérieur », Leïla Slimani préfère la solitude à la distraction. Pourquoi alors accepter cette proposition d'une nuit blanche à la Pointe de la Douane, à Venise, dans les collections d'art de la Fondation Pinault, qui ne lui parlent guère ? Autour de cette « impossibilité » d'un livre, avec un art subtil de digresser dans la nuit vénitienne, Leïla Slimani nous parle d'elle, de l'enfermement, du mouvement, du voyage, de l'intimité, de l'identité, de l'entre-deux, entre Orient et Occident, où elle navigue et chaloupe, comme Venise à la Pointe de la Douane.
Le monstre des couleurs se sent tout barbouillé, aujourd'hui. Ses émotions sont sens dessus dessous ! Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Réussira-t-il à mettre de l'ordre dans son coeur et à retrouver son équilibre ?
Un livre tout animé pour découvrir ses émotions.
Incroyable mais vrai : le très sérieux directeur artistique du magazine Fortune se met soudain à déchirer les pages de Life en rondelles et dit : « Lui, c'est Petit-Bleu. Et lui, c'est Petit-Jaune, son meilleur ami. Un jour ils s'embrassent si fort qu'ils deviennent tout verts... » Nous sommes dans un train de banlieue, à New-York, en 1959, et par ce geste improvisé, Leo Lionni vient non seulement de calmer ses deux turbulents petits-enfants, mais encore de captiver tout le wagon et de trouver sa nouvelle vocation d'auteur pour les enfants. Publié pour la première fois en France en 1970, Petit-Bleu et Petit-Jaune fête aujourd'hui ses 50 ans, l'âge qu'avait leur inventeur en ce jour magique.
Edition enrichie. Et préface inédite attendue de Richard Powers.
Le mystère d'être un corps, un corps qui interprète et vit sa vie, est partagé par tout le vivant : c'est la condition vitale universelle, et c'est probablement elle qui mérite d'appeler le sentiment d'appartenance le plus puissant. Ainsi, les animaux sont pour nous à la fois des parents et des étrangers d'une immense altérité. Baptiste Morizot approfondit ici une série d'enquêtes philosophiques fondées sur la pratique du pistage. Il s'agit de pister à la fois les vivants sur le terrain et les idées que nous nous faisons d'eux dans la forêt des livres et des savoirs... Ce livre approche les animaux, humains compris, comme autant de «manières d'être vivant».
Situé dans les montagnes Rocheuses, l'Overlook Palace passe pour être l'un des plus beaux lieux du monde. Confort, luxe, volupté...
L'hiver, l'hôtel est fermé.
Coupé du monde par le froid et la neige. Alors, seul l'habite un gardien.
Celui qui a été engagé cet hiver-là s'appelle Jack Torrance: c'est un alcoolique, un écrivain raté, qui tente d'échapper au désespoir. Avec lui vivent sa femme, Wendy, et leur enfant, Danny.
Danny qui possède le don de voir, de ressusciter les choses et les êtres que l'on croit disparus.
Ce qu'il sent, lui, dans les cent dix chambres vides de l'Overlook Palace, c'est la présence du démon. Cauchemar ou réalité, le corps de cette femme assassinée? ces bruits de fête qui dérivent dans les couloirs ? cette vie si étrange qui anime l'hôtel?
Un récit envoûtant immortalisé à l'écran par Stanley Kubrick.
« Voyez alors notre vieille. Elle passe les deux mains le long de la cicatrice, elle tâte : ça y est, elle a compris. Plaf ! le pied lui échappe des mains. Vlan ! c'est la jambe qui tombe dans la bassine ! Boum ! le bruit du bronze ! Et la voilà qui part à la renverse : et toute l'eau par terre ! Oh ! le plaisir, la douleur en même temps qui l'envahissent ! Ses deux yeux soudain pleins de larmes, sa voix chaude qui s'étrangle ! ».
L'Odyssée, chant XIX, vers 467-472.
Derrière tout grand roman, tout grand film, toute époque, aussi, et surtout la nôtre, il y a l'Odyssée. Alors, pour mieux voir, au cinéma de l'Aveugle Homère, les mésaventures du plus célèbre vagabond de la littérature, il faut peut-être mieux entendre, en français d'aujourd'hui, les mille bruits que fait la vieille langue grecque. C'est l'expérience de « vision vocale » que tente, dans la présente « version française », l'helléniste, récitant et musicien, Emmanuel Lascoux.
L'action d'Ulysse se passe en un jour, à Dublin, en 1904. Le personnage d'Ulysse est un petit employé juif, Leopold Bloom ; Stephen Dedalus, jeune Irlandais poète, est Télémaque ; Marion, femme de Bloom et qui le trompe, est Pénélope. Rien n'arrive d'extraordinaire au cours de cette journée. Bloom et Dedalus errent dans la ville, vaquant à leurs affaires, et se retrouvent le soir dans un bordel.Chaque épisode correspond à un épisode de L'Odyssée. Mais la parodie débouche sur une mise en cause du monde moderne à une époque de muflisme. Joyce exprime l'universel par le particulier. Bloom, Dedalus, Marion sont des archétypes. Toute la vie, la naissance et la mort, la recherche du père (Dedalus est aussi Hamlet), celle du fils (Bloom a perdu un fils jeune), toute l'histoire sont contenues en un seul jour. C'est à Rabelais, à Swift que l'on peut comparer l'art de Joyce qui a écrit, dans Ulysse, la grande oeuvre épique et satirique de notre temps.
Journaliste biélorusse, l'auteure a enquêté durant trois ans. Elle a interrogé les hommes et les femmes de Tchernobyl et retranscrit leurs témoignages sur leurs sentiments, leur souffrance, leur état d'esprit et leur vision de la vie après l'accident. Il en résulte un livre où résonnent les voix des suppliciés de la catastrophe nucléaire.
L'Atlas historique de la planète Terre et de son usage par les humains La Terre, planète modeste tournant autour d'une étoile, présente une particularité extraordinaire, unique en l'état de nos connaissances : elle abrite la vie. Parmi le foisonnement du vivant, les humains ont pu dominer les autres espèces et transformer la Terre au point de mettre en péril leur propre avenir.
Avec le concours des rédactions de L'Histoire et de Sciences et Avenir / La Recherche, Christian Grataloup a réuni plus de trente scientifiques (archéologues, astrophysiciens, biologistes, climatologues, historiens, planétologues...) afin de réaliser le premier atlas racontant à la fois l'histoire de notre planète Terre et celle de l'aventure humaine.
300 cartes et infographies à la pointe de la recherche et accessibles à tous.
À force de faire bêtise sur bêtise dans son terrible costume de loup, Max s'est retrouvé puni et enfermé dans sa chambre. Mais pas seulement. Voilà qu'il se retrouve aussi roi d'une armée de bêtes immondes, les Maximonstres. Max le maudit les a domptés. Ils sont griffus, dentus, poilus, vivent sur une île et ne savent rien faire que des sarabandes, des fêtes horribles où il n'y a rien à manger. Max a la nostalgie de son chez-lui, des bonnes odeurs de cuisine et de l'amour de sa mère. Que faut- il faire pour rentrer ? Peut-être commencer par le désirer.
Bravant les conventions avec une irritation voilée d'ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu'à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, nécessairement, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi.
Pourquoi un sexe est-il si prospère et l'autre si pauvre ? Quel est l'effet de la pauvreté sur le roman ? Virginia Woolf Traduit de l'anglais par Clara Malraux
Notre vie quotidienne se nourrit de mythes : le catch, le striptease, l'auto, la publicité, le tourisme... qui bientôt nous débordent. Isolés de l'actualité qui les fait naître, ils apparaissent soudainement pour ce qu'ils sont : l'idéologie de la culture de masse moderne. Le mythologue Roland Barthes les décrypte ici avec le souci - formulé dans l'essai sur le mythe aujourd'hui qui clôt l'ouvrage - de réconcilier le réel et les hommes, la description et l'explication, l'objet et le savoir.
" Nous voguons sans cesse entre l'objet et sa démystification, impuissants à rendre sa totalité : car si nous pénétrons l'objet, nous le libérons mais nous le détruisons ; et si nous lui laissons son poids, nous le respectons, mais nous le restituons encore mystifié. " Roland Barthes
«La saison, c'est le temps des émotions.» Nagori, littéralement «reste des vagues», signifie en japonais la nostalgie de la séparation. Dans ce court texte, Ryoko Sekiguchi évoque l'attachement aux saisons qui imprègne la langue et les haïkus dans la culture japonaise. À travers la nourriture, l'écrivaine nous livre l'arrière-goût, les textures et les émotions d'une saison qui vient de nous quitter.
C'est un livre, tu fais comme il te dit et tu vas voir...
Comment, face aux aléas politiques du xxe siècle, traversant deux guerres mondiales, une guerre civile et une guerre froide, au sein d'une Europe déchirée par les nationalismes et dans une France xénophobe qui l'accueille mal, Picasso impose-t-il au monde son oeuvre magistrale ?
Pourquoi le 18 juin 1901 Picasso est-il « signalé comme anarchiste » à la Préfecture de police, quinze jours avant sa première exposition parisienne ? Pourquoi le 1er décembre 1914 près de sept cents peintures, dessins et autres oeuvres de sa période cubiste sont-ils séquestrés par le gouvernement français pour une période qui dure près de dix ans ? D'où vient l'absence presque totale de ses tableaux dans les collections publiques du pays jusqu'en 1947 ? Comment expliquer, enfin, que Picasso ne soit jamais devenu citoyen français ? Si l'oeuvre de l'artiste a suscité expositions, ouvrages et commentaires en progression exponentielle à la hauteur de son immense talent, la situation de Picasso « étranger » en France a paradoxalement été négligée. C'est cet angle inédit qui constitue l'objet de ce livre.
Pour l'éclairer, il faut exhumer des strates de documents ensevelis, retrouver des fonds d'archives inexploités, en rouvrir, un à un, tous les cartons, déplier chacune des enveloppes, déchiffrer les différentes écritures manuscrites. Alors tout s'organise autrement et le statut de l'artiste se révèle beaucoup plus complexe qu'on ne l'imaginait.
Un étranger nommé Picasso nous entraîne dans une enquête stupéfiante sur les pas de l'artiste surdoué, naviguant en grand stratège dans une France travaillée par ses propres tensions. On le voit imposer au monde son oeuvre magistrale, construire ses propres réseaux et devenir un puissant vecteur de modernisation du pays. Un modèle à contempler et peut-être à suivre.
Le Horla raconte la lente désagrégation d'un esprit, de la dépression à la folie - des maux que connaissait bien Maupassant. Le héros se sent peu à peu envahi par un autre, qui agit à travers lui : le Horla, puissance invisible, inconsciente, qui le manipule. S'installent alors l'incompréhension, la peur, l'angoisse. Jusqu'à l'irréparable. Prenant la forme du journal intime, la nouvelle illustre ce que Freud nommera l'inquiétante étrangeté, cette intrusion progressive du malaise dans le quotidien. Modèle de nouvelle fantastique, Le Horla est aussi une description clinique du dédoublement de personnalité qui menace toute conscience.
Seul l'Occident moderne s'est attaché à classer les êtres selon qu'ils relèvent des lois de la matière ou des aléas des conventions. L'anthropologie n'a pas encore pris la mesure de ce constat : dans la définition même de son objet - la diversité culturelle sur fond d'universalité naturelle -, elle perpétue une opposition dont les peuples qu'elle étudie ont fait l'économie.
Peut-on penser le monde sans distinguer la culture de la nature ? Philippe Descola propose ici une approche nouvelle des manières de répartir continuités et discontinuités entre l'homme et son environnement. Son enquête met en évidence quatre façons d'identifier les « existants » et de les regrouper à partir de traits communs qui se répondent d'un continent à l'autre : le totémisme, qui souligne la continuité matérielle et morale entre humains et non-humains , l'analogisme, qui postule entre les éléments du monde un réseau de discontinuités structuré par des relations de correspondances ; l'animisme, qui prête aux non-humains l'intériorité des humains, mais les en différencie par le corps ; le naturalisme qui nous rattache au contraire aux non-humains par les continuités matérielles et nous en sépare par l'aptitude culturelle.
La cosmologie moderne est devenue une formule parmi d'autres. Car chaque mode d'identification autorise des configurations singulières qui redistribuent les existants dans des collectifs aux frontières bien différentes de celles que les sciences humaines nous ont rendues familières.
C'est à une recomposition radicale de ces sciences et à un réaménagement de leur domaine que ce livre invite, afin d'y inclure bien plus que l'homme, tous ces « corps associés » trop longtemps relégués dans une fonction d'entourage.
Traduction neuve de «La Divine Comédie» entreprise par Danièle Robert, qui prend enfin en compte, dans notre langue, l'intégralité de la structure élaborée par Dante. Animée d'un souffle constant, ne se départant jamais, dans sa fidélité même, de la valeur poétique, cette traduction permet d'aller plus avant dans la découverte de la beauté inventive, de la puissance, de la modernité de ce chef-d'oeuvre universel.
La référence sur l'histoire de l'art dans un nouveau format de poche, avec une nouvelle préface de la petite-fille de l'auteur.
Histoire de l'art est un best-seller dans le monde entier depuis plus de soixante-dix ans. Attirés par la simplicité et la clarté de son propos, les lecteurs de tous âges et de tous horizons ont trouvé dans le professeur Gombrich un maître qui allie savoir, sagesse et un don pour transmettre sa passion pour le sujet. Remis au goût du jour, avec une nouvelle couverture et une préface de Leonie, la petite-fille du professeur Gombrich, ce format de poche confirme le succès de cette oeuvre classique auprès des amateurs d'art et va devenir un ouvrage de référence pour les générations futures.
Bruno Latour a souhaité revisiter ses cinquante années de recherches au cours d'un entretien en deux parties avec le grand reporter Nicolas Truong. C'est pour le philosophe l'occasion de reprendre et poursuivre les éléments les plus importants de sa pensée sur notre nouvelle condition terrestre. Il déploie ses réflexions à partir de cette conviction : si l'homme tient à sa survie en tant qu'espèce, il lui faut apprendre à s'émanciper des grands paradigmes qui le guident depuis les Lumières. Un plaidoyer pour la philosophie envisagée comme une tentative magnifique et impossible d'embrasser la totalité.
Une coédition avec Arte éditions.
Ce matin, Arno a une idée : organiser avec ses jouets préférés un grand défilé de mode. Mais alors que les préparatifs commencent, chacun affirme qu'il ne peut pas participer. L'ours se trouve trop gros, la girafe trop grande, la souris, elle, pas assez, la poupée de chiffon trop molle, le doudou lapin vraiment trop usé... Comment redonner confiance et apprendre à s'accepter ?
Un magnifique hymne à la tolérance et à la célébration de toutes les différences.
En renversant l'image de la femme comme être inférieur par nature pour l'appliquer à l'homme, l'autrice démonte la mécanique de la domination masculine.
Un pamphlet littéraire et politique, où l'humour et la provocation révèlent les rapports de force entre les sexes. Depuis sa diffusion dans les rues de New York par Valerie Solanas en 1967, SCUM Manifesto est devenu un texte culte du féminisme.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuèle de Lesseps Postface de Lauren Bastide
"Car un laque décoré à la poudre d'or n'est pas fait pour être embrassé d'un seul coup d'oeil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l'un ou l'autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l'ombre, il suscite des résonances inexprimables.
De plus, la brillance de sa surface étincelante reflète, quand il est placé dans un lieu obscur, l'agitation de la flamme du luminaire, décelant ainsi le moindre courant d'air qui traverse de temps à autre la pièce la plus calme, et discrètement incite l'homme à la rêverie. N'étaient les objets de laque dans l'espace ombreux, ce monde de rêve à l'incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme, perdraient à coup sûr une bonne part de leur fascination.
Ainsi que de minces filets d'eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l'un ici, l'autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d'or." Publié pour la première fois en 1978 dans l'admirable traduction de René Sieffert, ce livre culte est une réflexion sur la conception japonaise du beau.
Que fait-on quand on regarde une peinture? À quoi pense-t-on? Qu'imagine-t-on? Comment dire, comment se dire à soi-même ce que l'on voit ou devine? Et comment l'historien d'art peut-il interpréter sérieusement ce qu'il voit un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout?En six courtes fictions narratives qui se présentent comme autant d'enquêtes sur des évidences du visible, de Velazquez à Titien, de Bruegel à Tintoret, Daniel Arasse propose des aventures du regard. Un seul point commun entre les tableaux envisagés:la peinture y révèle sa puissance en nous éblouissant, en démontrant que nous ne voyons rien de ce qu'elle nous montre. On n'y voit rien! Mais ce rien, ce n'est pas rien.Écrit par un des historiens d'art les plus brillants d'aujourd'hui, ce livre adopte un ton vif, libre et drôle pour aborder le savoir sans fin que la peinture nous délivre à travers les siècles.